Antoine Gratton : Un CD vaut mille mots

En cette période trouble pour l’industrie de la musique, Antoine Gratton se permet un ovni. En plus de contenir le troisième gravé du montréalais, la luxueuse pochette du Problème avec Antoine inclut un deuxième compact, 30 minutes 100 % instrumentales, ainsi qu’une série de 16 cartons illustrant avec originalité les 16 chansons de l’album.

"Je trouve ça fantastique que ma nouvelle maison de disques m’ait appuyé dans ce projet. Mon album n’a rien de radiophonique. C’est un objet pour trippeux de musique. Tant qu’à ne pas passer par les chemins traditionnels de la chanson, aussi bien le faire pour vrai. Je suis un grand fan des albums-concepts, des disques qui nous font voyager autrement qu’en simple chanson."

Comme pour son premier album, Montréal Motel, et Il était une fois dans l’Est, qui lui a valu le Juno du meilleur album francophone en 2007, Antoine joue sans ménagement avec les ambiances rock, soul, pop, électro, funk, country, psychédélique et classique. "Quand j’avais 5 ans, mon père me faisait écouter un paquet de disques. Il me demandait ce que je pensais de tel style ou de telle chanson. Il m’a vite appris à ne pas faire de distinction entre les genres musicaux. Il y a du bon dans tous les styles, me disait-il. Ça a été super formateur. Aujourd’hui, je peux jouer avec n’importe quel musicien et je me sens à l’aise", explique celui qu’on a vu derrière le piano de la formation pop Mimosa, qui signe des arrangements de violons sur le dernier disque de Mara Tremblay et qui joue de la claquette sur la trame sonore du film Dédé à travers les brumes.

Mais il n’y a pas que l’éclectisme dans les genres qui alimente Antoine. Le septième art se fait aussi sentir sur l’album, à commencer pas sa couverture inspirée d’une affiche de film. "Pendant tout le processus d’enregistrement, Éloi Painchaud (qui signe la réalisation et 50 % des chansons) et moi regardions beaucoup de films. Death Proof de Tarantino, L’aventure, c’est l’aventure de Claude Lelouch ou L’Homme orchestre de Louis de Funès. Nous ne voulions pas juste écrire des tounes, nous voulions créer des images musicales."

Ainsi, en plus de collaborer avec Jorane, Mara Tremblay et Martin Léon en studio, Antoine a travaillé avec les illustrateurs Mykaël Nelson et Christian Paquette afin de matérialiser les histoires de ses pièces. "Il y a d’abord les cinq intermèdes, cinq séparateurs qui représentent les cinq sens (Les Yeux, Le Parfum, La Bouche, La Peau, L’Oreille). Puis, l’atmosphère des compositions se transforme en croquis qui pourraient bien donner naissance à une bande dessinée."

Antoine Gratton
Le Problème avec Antoine
(Sphere/DEP)
À écouter si vous aimez / Okoumé, Dumas, Beck

Quand le country dit bonjour

Afin de reproduire l’ambiance des deux volumes de la compilation Quand le country dit bonjour, où de nombreux chanteurs contemporains reprennent des airs classiques du répertoire country québécois, plus d’une quinzaine d’artistes monteront sur la scène de la salle Odyssée le 7 mars à 20h. Parmi ceux-ci: Antoine Gratton, Les Respectables, Mara Tremblay, Marie-Denise Pelletier, Cindy Daniel, Jean-François Breau, Marie-Eve Janvier, Mélanie Renaud, Annie Blanchard, Wilfred LeBouthillier et Jorane. Sortez vos bottes et chapeaux de cow-boys, l’heure est venue de vibrer aux mélodies de Quand le soleil dit bonjour aux montagnes, À qui le p’tit coeur après neuf heures?, Un amour qui ne veut pas mourir.