N.A.S.A. : L’espace d’un disque

Dans le petit monde du hip-hop, les featurings sont quasi incontournables. On ne compte plus, en effet, le nombre d’albums de rap où les auteurs invitent une poignée de leurs copains – plus ils sont populaires, mieux le disque se vendra – à venir poser leurs voix sur un morceau ou un autre. Cette pratique, le duo N.A.S.A. (pour North America South America) l’a poussée à l’extrême en invitant pas loin d’une quarantaine de chanteurs et rappeurs issus d’un tout aussi grand nombre de planètes différentes.

Ainsi, sur The Spirit of Apollo, premier album concocté par les producteurs DJ Zegon (le Brésilien Ze Gonzales) et Squeak E. Clean (le Californien Sam Spiegel, frère du réalisateur Spike Jonze), se côtoient, souvent dans un même morceau, des artistes qu’a priori tout séparait. Il y a donc, par exemple, David Byrne et Chuck D (Public Enemy) dans la pièce Money, Karen O (Yeah Yeah Yeahs) et le regretté Ol’ Dirty Bastard (Wu-Tang Clan) dans Strange Enough ou encore Kanye West, Santogold (Santigold) et Lykke Li dans Gifted.

Inutile de dire que de rassembler tout ce beau monde a demandé d’énormes efforts et beaucoup de temps. Cinq ans pour être précis. "Quand on a commencé à travailler ensemble, on n’avait pas de concept précis en tête. Ça s’est fait assez spontanément. On se disait: "Hey, ce serait complètement fou d’avoir Tom Waits et Kool Keith dans cette pièce et Spank Rock et M.I.A dans cette autre", explique Squeak E. Clean qui prend quelques jours de congé avant de se remettre en route pour une série de DJ sets à quatre tables avec son collègue DJ Zegon.

Bien entendu, si on retrouve tous ces gens sur le disque du duo, il y en a certainement tout autant qui ont refusé! "Oh, je ne peux pas les compter mais il y en a toute une liste", rigole le producteur qui s’est d’abord fait connaître comme réalisateur de trames sonores pour spots publicitaires. "De mémoire, je pourrais te nommer Björk, James Brown, Al Green, Bowie, Morrissey, Damon Albarn, Thom Yorke, Prince… Je ne sais pas ce que cela aurait donné s’ils avaient tous accepté mais nous sommes très heureux de ce que nous avons réussi à accomplir avec The Spirit of Apollo. Car le but ultime de ce disque, c’est de prouver que la musique a le pouvoir d’unir des gens de cultures et de milieux fort différents, de montrer que la musique doit rassembler et non diviser."

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