Tindersticks : Le coeur au poing
Musique

Tindersticks : Le coeur au poing

Toujours aussi noirs, élégants et magnétiques, les Anglais de Tindersticks effectuent un retour en force après une panne de désir momentanée.

L’automne dernier, lorsque The Hungry Saw a atterri sur nos pupitres (sous étiquette Constellation en plus!), on avoue avoir soupiré de soulagement. Il y avait un bon cinq ans que les Tindersticks n’avaient lancé d’album. De l’aveu même du chanteur Stuart Staples, Waiting for the Moon (le précédent disque) "nous avait laissés dans le désarroi et la confusion. Quelque chose avait disparu, un sentiment, un désir qui existe entre nous. Ça faisait 12 ans qu’on travaillait ensemble, on ne peut pas avoir toujours envie des mêmes choses. Un break s’est imposé".

Lorsqu’il parle de son groupe, on a toujours l’impression que Stuart Staples parle de la femme de sa vie, d’un couple ensemble depuis longtemps… "Oui, c’est un peu ça, rigole-t-il. Pour moi, la musique est une histoire de frustration et de fascination. La maîtrise de l’art évolue, mais la relation reste la même, fondamentalement. L’idée est d’en préserver l’essence, de rester proche du feeling initial."

Pendant cette panne de désir, les musiciens sont allés s’étourdir ailleurs. David Boulter a travaillé sur un album pour enfants, Neil Fraser, sur une trame sonore, et Stuart Staples a lancé deux albums solo. "Le premier (Lucky Dog Recordings) est plutôt expérimental tandis que le second (Leaving Songs) est une collection de chansons signées par un auteur-interprète. Après m’être délesté de ces chansons-là, j’ai été plus libre de m’intéresser à ce que l’avenir allait apporter. C’est une expérience qui m’a fait apprécier encore davantage le fait d’avoir un band."

Le groupe fut invité à jouer son magnifique second album (Tindersticks [II], 1995) au Barbican Centre de Londres en septembre 2006. "Je n’ai jamais pensé que c’était fini entre nous, mais j’ignorais quand ça allait repartir. Ce show-là a été un point à partir duquel on a eu envie de se remettre en mouvement. La scie affamée qui déchiquette un coeur sur la pochette et son titre, The Hungry Saw, évoquent la créativité, cette découpure pas nette du tout qu’elle trace en moi et la manière qu’elle a de me blesser et de me "driver" en même temps."

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