Starmania : À la belle étoile
Musique

Starmania : À la belle étoile

Sous la tutelle de Michel Lemieux, Victor Pilon et Simon Leclerc, le Starmania de Berger et Plamondon fait un remarquable passage à l’opéra.

Trente ans après sa création, l’opéra-rock de Luc Plamondon et Michel Berger accède enfin au statut d’opéra tout court. Avec Simon Leclerc aux orchestrations et le tandem Michel LemieuxVictor Pilon à la mise en scène, la coproduction de l’Opéra de Québec et de l’Opéra de Montréal avait toutes les chances de nous ravir. Le soir de la première, dans une Salle Wilfrid-Pelletier pleine à craquer, le charme a opéré. Fortement.

L’histoire de Marie-Jeanne, Ziggy, Johnny, Cristal, Zéro, Stella et Sadia est une grande tragédie, de celles sur lesquelles les compositeurs d’opéra ont l’habitude de jeter leur dévolu. En ce sens, Starmania devait un jour ou l’autre, comme le voulait Berger, trouver sa place à l’opéra. Mais il est tout de même étonnant de constater que la très grande majorité des airs de la comédie musicale se glissent tout naturellement dans le registre lyrique. La distribution, entièrement canadienne, est impeccable, d’un bout à l’autre. Les interprètes se lancent tous sans retenue dans les audaces qu’exige un spectacle comme celui-ci, c’est-à-dire beaucoup plus exubérant que la majorité de ce qui se fait à l’opéra de ce côté-ci de l’océan. Il faut dire le talent immense de Marc Hervieux en Zéro Janvier. Il joue et chante avec autant de conviction. Son duo avec Lyne Fortin, plein d’humour, de dérision, notamment envers les clichés de l’opéra, est un grand moment de la soirée. Et que dire de Marie-Josée Lord en serveuse automate? Elle est tout simplement extraordinaire. Il faut l’entendre pour le croire. Sa dernière note vous restera dans l’âme longtemps.

La mise en scène tire son inspiration des films noirs, du Hollywood des belles années, du Metropolis de Fritz Lang. Des influences qui sont aussi palpables dans les costumes d’Anne-Séguin Poirier, les éclairages d’Alain Lortie et les chorégraphies de Stéphane Boko. Cette fois encore, Lemieux et Pilon font preuve d’une compréhension exceptionnelle de l’espace. Bien qu’immatérielles, leurs projections, jamais illustratives, jamais redondantes, habitent l’immense plateau, mieux que bien des décors. Sur les écrans translucides apparaissent un bouquet de buildings, les parois métalliques d’un bar souterrain, une fascinante Voie lactée ou encore un immense soleil orangé en pleine ascension. On voudrait que ça ne se termine jamais.

Consultez la page de l’Opéra de Montréal au www.voir.ca/operademontreal