Dany Placard : Le vrai de vrai
Musique

Dany Placard : Le vrai de vrai

Dany Placard sort tout droit des années 30 et met cartes sur table avec son duo Placard-Macbeth.

Question de prendre un "raccourci" avant la sortie de son prochain album, qui devrait voir le jour l’année prochaine, Dany Placard a décidé de revisiter l’ensemble de son répertoire – incluant Plywood 3/4 – pour sortir un disque live qui sera accompagné d’un DVD. En compagnie de son fidèle complice Francis "Toots" Macbeth à la Dobro et au banjo, il retourne aux sources et se présente sur scène dans une formule dépouillée qui fait un clin d’oeil à la scène musicale folk-country-bluegrass des années 30.

Faisant fi des grands amplis, auxquels il nous a habitués avec sa tournée qui a suivi la parution de l’album Raccourci, il dépose son étui de guitare dans des lieux atypiques et chaleureux depuis le mois de février pour se réinventer avec son collègue et ainsi boucler la boucle.

"Aujourd’hui, le monde est habitué à un son acoustique amplifié, fait-il remarquer. Les banjos, la Dobro et les guitares… on finit toujours par se brancher. Mais ce n’est pas le vrai son. Quand tu remontes aux années 30, là tu te retrouves avec les micros en face des instruments. Et ça marchait! Pete Seeger faisait des shows dans des arénas bondés avec une guitare 12 cordes et un micro devant. Nous, on voulait revenir à cette méthode et garder ce son pour l’enregistrement. Et puis, c’est un prétexte pour avoir du fun. Mais quand on arrive sur la scène avec seulement quatre micros, le monde est surpris. On les avertit au début. On leur dit: "Pour que vous ayez du fun, on aimerait ça que ce soit le silence." À date, on n’a jamais eu de misère avec ça. Le monde embarque et c’est une écoute exemplaire."

Prévoyant une session d’enregistrement finale dans un chalet à la fin de ce périple épique, l’artiste tente d’achever un projet qui mise autant sur l’authenticité que sur les imperfections inhérentes à une telle dynamique. Point de compromis, l’auteur se livre tel qu’il est, sans artifice.

"Moi, c’est un son qui m’attire beaucoup, avoue-t-il. Surtout Jimmie Rodgers. Mais Toots! C’est vraiment un gars de roots. C’est lui qui m’influence. Dans la façon qu’on monte ces chansons et aussi dans le choix du répertoire. On a tout réarrangé. Mais vraiment tout. Si tu prends la chanson Gratte-ciel, par exemple, elle est en mineur et quand même assez rock sur le disque. En duo, elle est rendue en mode majeur et totalement bluegrass. Le prochain album, avec le groupe (on commence déjà à travailler dessus), sera totalement différent. Mais là, je me donne le temps de plonger dans le folk-roots à fond. La base de la base."

Sans s’acharner inutilement sur quelques chansons, pour ainsi éviter de les dénaturer, les deux musiciens ont fait un choix minutieux qui confère une tout autre personnalité aux paroles de l’artiste, qui a dû adapter son registre vocal. "Environ une tierce mineure plus haut, c’est certain. Je retrouve mon registre naturel, alors qu’en band, ma voix est plus grave. Dans cette formule, tout est moins carré et ça me donne plus de liberté. Je n’ai que ma voix et Toots se charge du reste."

À écouter si vous aimez /
Hank Williams, Pete Seeger et Willie Lamothe