Julie Doiron : Épopée rock
Musique

Julie Doiron : Épopée rock

Julie Doiron lance un album deux ans après avoir fait se pâmer la critique pour un effort où elle retrouvait ses réflexes rock. Elle poursuit dans cette veine.

Il est tôt. À l’autre bout du fil, Julie Doiron réprime un bâillement et s’en excuse. La veille, ses potes de Herman Dune étaient de passage au Il Motore "et on s’est couché tard".

Cette semaine, la bassiste d’Eric’s Trip lance un cinquième album, intitulé I Can Wonder What You Did With Your Day, ce qui en fait un candidat au titre le plus cute de l’année. Mais ne vous laissez pas berner par la pochette tout aussi mignonne sur laquelle on aperçoit deux enfants déguisés (Batman et un petit chat sérieux) qui ont l’air d’avoir été interrompus dans leur mise en scène. Car malgré un intermède adouci, Julie Doiron est une rockeuse.

"La première chose que j’ai faite en musique, c’est du rock assez chargé avec Eric’s Trip. Puis, à un moment donné, je me suis mise à faire de la musique douce pour la simple et bonne raison que j’avais des enfants très jeunes et que je ne voulais pas les réveiller après des heures passées à essayer de les endormir! Ce n’est donc pas par erreur, mais pas non plus par choix que je me suis tournée vers ce registre. Les gens ont encore cette idée que je fais de la musique tranquille. Peut-être parce que ça fait 10 ans qu’ils ne m’ont pas vue en concert? En tout cas, pour Woke Myself Up (2007, finaliste au prix Polaris), j’ai voulu montrer aux gens que je n’étais pas juste mellow. Fallait que ça rocke."

Sans être complètement décapant, I Can Wonder…, enregistré en compagnie de Fred Squire (batterie et guitare) et Rick White (basse), réserve une belle place aux guitares et vous ravive une fibre grunge le temps de crier "distorsion". Au cours des dernières années, Eric’s Trip s’est reformé pour une tournée-réunion. "Ça se peut que ça m’ait influencée, note-t-elle. Ça et aussi le fait que j’ai joué avec Shotgun & Jaybird et Herman Dune, c’est une combinaison des trois."

Une des choses les plus agréables lorsqu’on interviewe Julie Doiron (en français), c’est son souci de la langue, cette recherche constante du mot juste, surtout lorsqu’elle s’écrie: "Ah non! Je prépare mon café et une araignée vient de sortir, je comprends pas d’où elle vient! Elle est jaune-beige et bouge super-vite avec ses grandes jambes. J’sais pas quoi faire… Je tue rien, moi."

Julie Doiron est une des rares artistes à avoir compris comment combiner bonheur et inspiration. "Je n’étais pas complètement malheureuse avant, mais quand j’avais des bas, je ne savais pas comment retrouver les hauts et ça me frustrait. Aussi, je n’avais jamais vraiment essayé de composer des chansons positives parce que j’avais peur que ça donne quelque chose de nul. Aujourd’hui, ça me vient naturellement. J’écris à partir de comment je me sens, en marchant dans la rue, par exemple. Le soleil est sorti ou la neige tombe et c’est super-beau… C’est ce que je raconte dans mes chansons."

À écouter si vous aimez /
Les voix de Cat Power et de Feist; vos souvenirs grunge; Sonic Youth