Zal Idrissa Sissokho : Kora qui rit
George Harrison faisait pleurer sa guitare. Zal Idrissa Sissokho fait pleurer, et rire, sa kora.
Issu d’une famille de griots, cette caste se dévouant traditionnellement à la transmission de la tradition orale et de la musique au sein de l’empire mandingue, Zal Idrissa Sissokho imite ses aïeux et se met très jeune à la kora. Instrument majestueux à 21 cordes, la "harpe africaine" produit un son cristallin et envoûtant qui évoque le sitar et la guitare flamenco. "Je l’ai construite avec des clés, et pas avec des anneaux comme c’est la tradition, à cause de notre belle température au Québec", raconte le néo-Québécois. Mon pays de Vigneault, ça sonne comment à la kora?
Les quelques bribes de français présentes sur son premier album, Sibala, dévoilaient en 2008 un chanteur engagé. "J’espère qu’un jour, l’Afrique va comprendre le vrai rôle des Occidentaux chez nous", scande Sissokho sur Sénégal. "Parfois, on entend à la radio que le Canada a donné 2 milliards au Sénégal, mais ça cache quelque chose, ces dons-là. Ce que l’Occident nous prend est plus important que ce qu’il redonne après. Si les Occidentaux et les Africains prenaient conscience de ça, je crois que l’Afrique pourrait voler de ses propres ailes", espère-t-il.
Selon lui, il y a maldonne chez nombre d’immigrants: "Les gens quittent leur vie là-bas pour une vie pire ici. Une fois arrivés, ils regrettent. Je leur demande: "Est-ce que vous avez un métier?" S’ils répondent non, je leur dis qu’ils auront de la difficulté. Moi j’ai toujours eu la kora qui m’a permis de vivre." Et on comprend qu’il entend "vivre" au propre comme au figuré.
J’AI MIS UN TIGRE DANS MA KORA
Zal Idrissa Sissokho n’est pas de ceux qui adoptent une mine abattue et un ton docte quand il traite de sujets sérieux sur scène. Le désir d’aller vers l’autre demeure son principal moteur. "C’est comme être reçu dans un petit village du Mali ou du Sénégal pour une soirée de fête", résume Tapa Diarra, chanteuse-danseuse qui, avec quatre autres musiciens émérites de la diaspora africaine montréalaise, accompagne Zal.
Un concert qui pourrait être riche d’enseignements pour le monsieur qui, devant un lion au Parc Safari, avait demandé à Sissokho si cela lui rappelait son pays. "C’est la première fois que je fais face à un lion", avait-il répliqué, tout sourire, on le devine.
À écouter si vous aimez /
Les frères Diouf, Lilison Di Kanara