Lady Sovereign : La petite caporale
Musique

Lady Sovereign : La petite caporale

Lady Sovereign revient de loin. Après une difficile traversée du désert, place à la version 2.0 et à Jigsaw, nouvelle galette rap aux accents électro-dansants.

Il y a trois ans, plusieurs ont craqué pour l’irrévérence d’une jeune rappeuse haute comme trois pommes, avec un front de boeuf et un accent anglais à couper au couteau. "Love Me Or Hate Me", chantait celle qui, affligée d’un grandiose complexe de Napoléon, tenait tout de même à se faire appeler Lady.

Pour certains artistes dont Lady Sovereign, le passage des circuits underground aux réseaux plus vastes et organisés n’est pas évident. "Tout a basculé lors d’un show à New York. Je n’avais pas envie d’être là. J’avais très peur de décevoir mes fans parce que je n’avais rien de nouveau à leur proposer. Je n’avais plus le temps de faire de la musique, ce n’était que des shows et des interviews… Je me suis mise à angoisser." Cette fois-ci, c’est elle qui a craqué.

"Je me suis aperçue que je n’avais plus vraiment de fun. J’avais l’impression de tourner en rond et de passer ma vie à faire de la promo alors que tout ce dont j’avais envie, c’était de composer des nouvelles tounes. Je suis devenue vraiment écoeurée, ça m’a mise dans un drôle d’état et ça a fini par me déprimer. Soudain, j’ai voulu échapper à la situation et j’ai tout arrêté."

À l’issue de cette difficile traversée du désert, le premier réflexe de Lady Sovereign a été de divorcer d’avec sa maison de disques. "J’ai pas envie de me plaindre d’eux, ça a été vraiment super d’être sous contrat chez Def Jam, ça m’a permis d’avancer rapidement et de me rendre où je suis aujourd’hui." Mais on n’est jamais mieux servi que par soi-même et pour se protéger, Lady Sovereign (Louise pour les intimes) a fondé son propre label: Midget Records. "Maintenant, c’est moi la boss. Je mène mes affaires comme je l’entends et jusqu’ici, c’est pas mal plus relax. Je prévois mettre d’autres artistes sous contrat."

Le plus chouette dans tout ça, c’est que Lady version 2.0 est encore plus intéressante que le premier prototype. Le nouvel album, intitulé Jigsaw, démontre que son approche musicale a évolué depuis la parution de Public Warning, il y a trois ans. Le son est plus dansant et électro, le résultat s’avère beaucoup plus sexy. Exit les rots et les crachats dans le micro! "Ouais, je me suis débarrassée du côté "queue de cheval"! Tu sais, j’ai fait une pause d’un an et demi… J’ai pris du temps pour moi et c’est un nouveau départ." La jeune Anglaise de 23 ans va même jusqu’à récupérer le refrain de Close To Me des Cure dans So Human, une influence surprenante pour une rappeuse. "J’ai toujours trouvé la musique des Cure accrocheuse et dynamique. Ce n’est pas dans mes habitudes d’échantillonner, mais ici ça fonctionne bien."

Dans le remix de Love Me Or Hate Me (dernière chanson de Public Warning), elle disait ne pas savoir danser ni chanter et se contentait de rapper ses textes. Mais sur Jigsaw, Lady fait tout ça! "Ben je danse pas mieux mais je le fais quand même, rigole-t-elle. Puis chanter… j’essaie!" Ça fait plaisir de constater qu’elle est bien retombée sur ses pattes. "Je n’avais pas perdu mon mojo, tu sais. Je l’avais juste mis dans ma poche."

Lady Sovereign
Jigsaw
(Midget Records/EMI)
En magasin le 7 avril

À écouter si vous aimez /
M.I.A., Peaches, Le Tigre