Nicolas Jules : Sur le fil
Musique

Nicolas Jules : Sur le fil

Équilibriste du verbe, Nicolas Jules trimballe son univers tendre et burlesque au Québec pour quelques concerts en sourdine.

Nicolas Jules penche vers l’avant sur sa photo de promo. Un peu là, un peu ailleurs déjà, l’auteur français aime le déséquilibre, un léger glissement dans les paroles de ses chansons qui lui épargne de figurer au palmarès des nouveaux chansonniers à la mode. Auréolé depuis 2005 du prix Félix-Leclerc, celui qui écrivait, adolescent, "dans la rue, dans les bistros et sur les bancs" s’attache aux sensations, aux sentiments diffus, aux antipodes d’un Bénabar. "Je n’essaie pas d’écrire une chronique, lance-t-il, ce qui m’intéresse, c’est de parler un peu de moi en parlant des autres." Quand même, "je suis un vagabond / j’habite une chanson", apprend-on au détour de Shake it Montréal, écrite par une nuit de perdition "volontaire" sur les hauteurs du mont Royal.

Vagabond. C’est dans les bars et les guinguettes que Nicolas Jules a fait son bonhomme de chemin. Sur les scènes des festivals aussi, des FrancoFolies de La Rochelle en 1998 aux Francos de Montréal, six ans plus tard. Pas bégueule, mais de la tendresse dans la voix et dans les chansons, qui nous rappelle quelques écorchés au grand coeur, Higelin père en tête, Bashung dans certaines intonations, et aussi Thomas Fersen, un peu à cause de l’ukulélé, dont joue un copain qui en a le droit "parce qu’il est Tahitien".

Pas mal pour celui qui est devenu musicien sur le tard, héritier du complexe d’un papa fou de musique. "Personne n’était artiste dans la famille, mais on baignait dans la musique." Pink Floyd, Brigitte Fontaine et surtout le blues, de John Lee Hooker à Tom Waits: "Il y a dans cette musique quelque chose de primitif. J’aime ces rythmes, la façon dont on va spontanément marteler le sol avec ses pieds."

Bien entouré sur scène, Nicolas Jules a trouvé le batteur idéal en Roland Bourbon, le "Lino Ventura de la batterie", dont il dit qu’il le suit "comme un danseur ou comme un boucher, ça dépend". Simple, le spectacle reflète la personnalité de l’auteur, un peu chanteur, un peu musicien, un peu acteur: burlesque, intimiste et, mais c’est lui qui le dit, "bavard". À découvrir, absolument.