Jérôme Minière : Le coeur avant tout
Musique

Jérôme Minière : Le coeur avant tout

Jérôme Minière travaille ses nouvelles créations et médite sur un rendez-vous manqué.

Le voilà qui se métamorphose à nouveau en nous présentant un spectacle qui revisite une sélection de joyaux extraits de son répertoire, dans un cadre sonore bien défini où la discipline règne. Si Jérôme Minière nous a souvent habitués à ce genre d’exercice, cette fois-ci, il s’impose une formule de création qui repart à neuf.

"C’est très différent maintenant, constate-t-il. Il y a six mois, je me suis rendu compte qu’il fallait que je retourne à mes anciennes habitudes, soit élaborer une version plus réduite de mon spectacle. En formule trio, tout simplement. Dans le passé, je me rappelle qu’on avait toujours une légère frustration lorsqu’on tombait dans ce genre de transposition. Il manquait quelque chose et on trouvait cela ingrat. Cette fois-ci, on a pris le problème dans le sens inverse. On a refait tous les arrangements de A à Z. On s’est fixé des contraintes sévères, pour chacun des membres du groupe. Disons qu’on a été forcés de plonger dans nos réserves!"

Alors que d’autres roulent avec une seule et même tournée pendant une année entière, et même plus, l’artiste natif d’Orléans semble être constamment en quête d’une nouvelle forme d’expression. Si cet exercice l’inspire et alimente sa création, il nuance tout de même cette perception avec un certain regard critique. "Ça ne vient pas seulement de moi. J’ai été partiellement déçu pour Coeurs [son dernier disque]. L’accueil critique a été très bon et je pensais que le disque aurait eu plus d’impact sur le public. Ça m’a même rendu triste, car je suis très fier de ce disque-là, qui est très personnel et plus "adulte", je l’avoue. C’est vrai que mon travail, ma musique sont peut-être de nature discrète. Je constate que je ne suis peut-être pas de ceux qui s’imposent."

Un succès critique qui ne s’est pas illustré non plus au dernier Gala de l’ADISQ, alors que l’album a été boudé, ne récoltant aucune mise en nomination. "Je n’ai pas de regrets, mais tu as mis le doigt sur une petite blessure. Ce n’est pas la fin du monde, mais c’est comme si je n’avais pas été invité au party du tout. Comme si je n’avais pas produit de disque cette année-là. J’ai trouvé ça un petit peu fort, quoi."

Une situation embêtante qui le force à s’interroger un peu plus que d’habitude sur cette réalité plutôt absurde que nous impose parfois l’industrie de la musique. Serait-ce Herri Kopter, cet alter ego ingénieux, qui se manifeste ? "Non, je ne suis pas un obsédé de ces trucs-là. Mais, ayant déjà gagné un Félix comme auteur-compositeur [en 2003], je sais tout le bien que procure la reconnaissance d’un travail. L’année dernière, je ne visais pas le top, mais… aucune nomination… Ce sont tous ces petits détails accumulés qui me font me rendre compte que c’était peut-être un rendez-vous manqué. Mais le disque est toujours là et le spectacle me permet de l’amener ailleurs. J’en suis fier. En fait, je suis content de moi artistiquement. Voilà, c’est déjà bien, je trouve!"

À écouter si vous aimez /
Arman Méliès, Monsieur Mono et Philippe Katerine