Zachary Richard : Last Kiss from Montréal
Musique

Zachary Richard : Last Kiss from Montréal

Zachary Richard présente Last Kiss, son premier opus anglophone en plus de 15 ans. On le retrouve inchangé, préoccupé, engagé, avec un accent inimitable.

L’horloge tourne pour Zachary Richard aussi. Il faut tenter de la rattraper. La dernière fois qu’il avait offert un album anglo, c’était en 1992 avec Snake Bite Love. Ensuite, la course au succès avec ses disques Cap Enragé, Coeur fidèle et surtout l’encore tout chaud Lumière dans le noir. Pourquoi avoir attendu plus de 15 ans avant une nouvelle escale dans la langue de Tom Waits? "C’est une question d’occasion. Je n’ai pas de stratégie particulière en matière linguistique. J’ai continué de composer en anglais. Je dirais que Last Kiss est un peu l’autre partie de l’album précédent. Pendant qu’on faisait Lumière dans le noir, j’ai enregistré des chansons en anglais et le processus ne s’est pas arrêté… Au départ, Lumière devait être bilingue."

Lorsque les langues tournent, s’enroulent sur elles-mêmes, on a droit à un French kiss ou un Last Kiss? Le chanteur acadien fait-il une différence entre écrire dans une langue ou l’autre? "Il y a une différence, mais ce sont plutôt des nuances qu’autre chose. La métaphore que j’aime, c’est celle d’Aimé Césaire quand il disait de ses cultures créole et française que c’était comme ses deux mains. C’est une expérience peut-être difficile à concevoir pour les Québécois francophones. Mais nous – les francophones en milieu minoritaire -, nous vivons plus ou moins bien cette complémentarité de cultures et de langues que je ne vois pas comme un conflit. Je me suis associé à la tradition de la chanson française à partir de Cap Enragé, c’est un mouvement qui apprécie particulièrement la qualité de l’écriture. En anglais, on cherche plus le son des mots."

En anglais, et Zachary ne s’en cache pas, il y a la possibilité d’aller conquérir nos voisins du sud et, qui sait, de partir en tournée dans ce coin. L’Amérique est grande et notre Cajun, sans frontières. Son guitariste Éric Sauviat est Français, Last Kiss a été enregistré essentiellement à Montréal mais aussi à La Nouvelle-Orléans et à Paris. Le chanteur a collaboré par Internet avec ses musiciens, échangeant des mp3.

Mais il existe un mystère autour de ce nouvel album. Que vient faire Céline Dion le temps du duo Acadian Driftwood? A priori, le public n’est pas le même… "Mon album était fini. Et il y a eu ce spectacle sur les plaines d’Abraham l’été dernier, j’ai chanté avec Céline. Qu’elle soit rentrée dans mon univers, c’était très séduisant. Je lui ai proposé de chanter un duo sur mon disque. J’étais embêté de trouver la chanson. Encouragé par ma femme, j’ai suggéré Acadian Driftwood, je la lui joue au piano à la maison depuis 1985, je crois…" Gageons que dans cette nouvelle version, elle a toutes les chances de faire un tour à l’international.

Zachary Richard
Last Kiss
(Musicor)

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