Bell Orchestre : Un zoo le jour
Musique

Bell Orchestre : Un zoo le jour

Les Montréalais de Bell Orchestre sont de retour avec le chapitre 2 d’une saga inspirée qui laisse les instruments jaser entre eux. On y croise au détour colibris, éléphants et orignaux…

Après nous avoir conquis avec un premier effort en 2005 (Recording a Tape the Colour of the Light), le Bell Orchestre lance As Seen Through Windows, un album lui aussi coiffé d’un titre ouvert, poétique et évocateur, à l’image de la musique de la formation montréalaise. "Il y a trois, quatre ans, on est allés composer au Banff Centre dans les Rocheuses, se souvient la violoniste Sarah Neufeld, aussi membre d’Arcade Fire. Dans notre magnifique local de pratique, plusieurs fenêtres donnaient sur une forêt: un décor à couper le souffle. On jouait huit heures par jour avec toute cette nature sauvage sous nos yeux. Des chevreuils s’approchaient, on a même vu un orignal! C’est un album qui est lié à la nature dans ses thèmes et images."

Cela s’entend tout particulièrement sur Elephants, une pièce sur laquelle Pietro Amato (Jorane, Luyas, Torngat) s’amuse à faire barrir son cor. Un véritable dialogue s’établit entre cet instrument grave mais aucunement pompeux et le violon de Sarah, fébrile et à l’écoute. "J’ai une sorte de connexion animale à cette chanson. Même avant qu’on l’intitule ainsi, dans mon jeu je m’imaginais être un minuscule colibri tournoyant autour des oreilles immenses de ces géants lents… On adorerait faire de la musique pour des documentaires sur la nature." Après tout, un groupe comme The Cinematic Orchestra a signé la trame sonore d’un film sur les flamants roses…

Ceux qui avaient aimé le premier album de la formation (qui réunit des musiciens oeuvrant aussi auprès de [IKS] et Snailhouse) ne seront pas désorientés à l’écoute d’As Seen Through Windows. L’instrumentation est sensiblement la même; cependant, les contrastes se sont accentués. On retrouve cette belle densité, cette lumière (rien à voir avec la lourdeur tellurique du post-rock) et une propension à couvrir de vastes espaces. "C’est difficile d’écouter Bell Orchestre en background… C’est une musique qui s’impose et demande d’être à l’avant. L’idéal serait de l’écouter dans l’auto ou avec des écouteurs sur les oreilles", suggère la musicienne.

Un peu comme Béatrice Martin (Coeur de Pirate) et Fanny Bloom (chanteuse de la Patère Rose), Sarah Neufeld a d’abord appris son métier dans les réseaux sévères et compétitifs de la musique classique pour ensuite trouver une belle niche dans un espace ouvert et décloisonné. "Dans un groupe comme Bell Orchestre, il n’y a aucune limite. La liberté individuelle et l’invitation à exprimer sa créativité prévalent, et voilà pourquoi je m’y plais autant. Quand je joue avec Pietro Amato, ce n’est pas seulement une conversation entre instruments, c’est Pietro qui parle, et il parle beaucoup! Il existe à travers son cor, c’est merveilleux."

À écouter si vous aimez /
Torngat, Claude Lamothe, Sigur Rós