Dobet Gnahoré : Le rêve à tout prix
Musique

Dobet Gnahoré : Le rêve à tout prix

Dobet Gnahoré nous présente son Afrique. Celle où le rêve nourrit l’espoir.

Sa voix est calme et posée. Elle contraste avec cette image que nous avons de l’artiste sur scène. Dobet Gnahoré y est reconnue pour sa fougue exceptionnelle. "La scène, c’est un espace de guérison, de liberté et de transe. J’y suis mon seul maître", se plaît-elle à dire. Sa réputation la précède depuis la parution de l’album Ano Neko en 2004, et celui qui a suivi, Na Afriki, l’a consacrée internationalement.

Pas surprenant lorsqu’on en sait plus sur sa jeunesse en Côte d’Ivoire. On constate qu’elle est pratiquement née sur une scène, alors que son père, Boni Gnahoré, a fondé le village panafricain Ki-Yi, une véritable fourmilière culturelle voisine d’Abidjan. Un centre où tous les arts se fréquentent et où les jeunes enfants sont mis en contact avec le théâtre, la danse et la musique traditionnelles. C’est aussi là-bas qu’elle a rencontré le guitariste Colin Laroche de Féline, son complice depuis 1996.

"Mon père a eu cette brillante idée de créer un "module" pour les jeunes à l’intérieur de Ki-Yi, afin de contrer le décrochage scolaire. Moi-même, je ne voulais plus aller à l’école, et mon père m’y a intégrée. Colin y venait pour se perfectionner et pour étudier la musique africaine. Nous avons commencé à travailler ensemble dans un environnement créatif et culturellement très riche. Nous travaillons d’instinct. C’est une relation de travail qui est fondée sur le naturel."

Pour son dernier album, paru en 2007, le projet fut ambitieux. Elle y chante dans plus de huit langues africaines et nous présente une fresque musicale qui correspond à l’Afrique tout entière. Un défi relevé par l’interprète, qui aborde sans détour les problèmes fondamentaux qui y sévissent. Des titres comme Pillage et Massacre, par exemple, sont très éloquents et soulignent cette volonté de lutter contre tous les tabous.

"Je n’aime pas la politique, je ne la connais même pas. Mon contact avec les gens, il est humain. Je m’interroge sur ce qui ne va pas, comme une femme libre, et je le dénonce. Il faut être conscient de ce que l’on peut changer en tant qu’artiste. Dénoncer un système politique ne sert plus à rien. Un artiste, c’est avant tout la voix du peuple."

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