Lorraine Vaillancourt : Quand on NEM…
Avec un lancement de livre et deux concerts, la troupe que dirige Lorraine Vaillancourt depuis maintenant 20 ans aura une grosse semaine. Une autre!
Réjean Beaucage
Photo : Nathalie Cloutier
Le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) compte encore 7 des 15 musiciens qui participèrent, avec Lorraine Vaillancourt, au premier concert de l’ensemble, le 3 mai 1989, à la salle Claude-Champagne. Se remémorant les débuts du NEM, sa directrice artistique précise la raison pour laquelle les musiciens voulaient, comme elle, fonder un ensemble de musique contemporaine: "Le véritable moteur, c’était le désir de prendre le temps, ce qu’on ne pouvait pas faire dans le milieu professionnel. Je dirigeais l’Atelier de musique contemporaine de l’Université de Montréal depuis 1974, et c’est souvent avec ces musiciens que nous donnions les concerts organisés par Les Événements du neuf [société fondée en 1978 par Lorraine Vaillancourt et les compositeurs José Evangelista, John Rea et Claude Vivier]. Nous nous disions: "Ah! Si on avait un peu plus de temps… Si on pouvait faire ça sur une base permanente…" J’ai pris une année sabbatique et ça m’a donné le temps de concocter le projet."
Un très beau livre qui paraît ces jours-ci, NEM – Un parcours contemporain, évoque l’aventure de ces 20 ans (lancement le 16 avril). Il y a déjà longtemps que la réputation du NEM est faite sur la scène internationale, et l’ensemble rentre tout juste d’un séjour à l’Université Harvard, où il créait les oeuvres de sept jeunes compositeurs. "En mai, ajoute Lorraine Vaillancourt, nous nous envolerons pour Marseille et Nice, où nous ferons une autre création, de Clara Maïda, avec des musiciens des Percussions de Strasbourg. Et l’été prochain, nous retournons après une année d’absence aux Rencontres de musique nouvelle du Domaine Forget, grâce au ministère de la Culture." Et puis, d’ici l’automne, on devrait pouvoir mettre la main sur deux nouveaux disques documentant les deux derniers "Forums des jeunes compositeurs" organisés par le NEM. Les projets ne manquent pas, tant chez nous qu’ailleurs; en novembre, par exemple, le NEM s’inscrira dans la programmation de la série rendant hommage au compositeur Gilles Tremblay en collaborant, avec la compagnie Chants Libres, à la création du premier opéra (sur un texte de Pierre Morency) de ce grand pionnier de chez nous.
On a trois occasions cette semaine d’aller à la rencontre du NEM. D’abord, le 17, dans un concert où il s’augmente d’étudiants de la faculté de musique de l’Université de Montréal pour interpréter Stravinsky (Concerto "Dumbarton Oaks"), Ligeti (Concerto de chambre), Webern (Cinq pièces pour orchestre et Concerto op.24) et Philippe Leroux ((d’)Aller). Puis, le 18, alors que l’on pourra assister gratuitement à la répétition publique d’une oeuvre du compositeur français Tristan Murail qui sera créée par le NEM lors de son grand concert anniversaire, le 22 (avec une création du Britannique Jonathan Harvey et des reprises d’oeuvres de Denys Bouliane et Mauricio Kagel). L’aventure se poursuit, et Lorraine Vaillancourt observe: "Nous avons toujours le même plaisir, c’est pour ça que ça continue! J’adore aller aux répétitions. Comme au premier jour!"