Robert Charlebois : C’était un petit bonheur
Robert Charlebois met en scène le spectacle Il était une fois… la boîte à chansons. Un voyage dans le temps qui fait son bonheur.
C’était l’époque où les chansonniers présentaient leurs chansons dans des lieux intimistes et où les gens prenaient plaisir à boire leurs paroles. Robert Charlebois a réuni sur une même scène les chanteurs Pierre Calvé, Claude Gauthier, Pierre Létourneau et son ancien complice, l’imitateur Jean-Guy Moreau, dans une aventure qui met en lumière une page d’histoire: celle où la musique québécoise prenait forme.
"Je n’ai pas peur du mot nostalgie", avoue Robert Charlebois, le metteur en scène de cette production. "Les gens, ils trouvent leur bonheur où ils veulent, mais toujours dans le passé. Que ce soit le bouddhisme ou la philosophie grecque, c’est toujours du passé. Moi, j’ai été heureux dans les années 60, alors j’y trouve mon bonheur!"
Son "petit bonheur", il le réalise avec ceux qui étaient ses idoles. Les premiers (avec Félix Leclerc) qui l’ont poussé à faire de la scène avec Jean-Guy Moreau. "J’étais son pianiste, se rappelle-t-il. Tu savais qu’il était mime au départ? Les gens s’emmerdaient… Un jour, il a imité Georges Brassens pour déconner. Tout le monde était sur le cul. Un succès! Pis moi, mon plus grand succès de l’époque, c’était La Boulée…"
La Butte à Mathieu demeure l’endroit mythique de cette période. La salle qui pouvait consacrer un jeune auteur-compositeur-interprète. Celui qui est devenu Garou a encore tout frais à sa mémoire le premier engagement professionnel que le propriétaire de l’établissement, Gilles Mathieu, lui avait donné en 1963. "En première partie de Félix Leclerc. Quinze minutes à la Butte!"
Des souvenirs qui ont dicté une mise en scène qui veut faire la genèse des chansons et du contexte dans lequel elles ont été créées. "Prends Le soleil brillera demain de Claude Gauthier. Elle a été créée en 1959. Moi, à cette époque, j’avais environ 16 ans, et eux en avaient 21 et 22. Gauthier, il avait déjà un album sur étiquette Columbia avec une préface de Félix Leclerc! Pour Jean-Guy et moi, ils étaient des grands frères. Je voulais retrouver l’ambiance qui, dans ma mémoire sensorielle, correspondait à un son très timide. À la Butte à Mathieu, il n’y avait même pas de micro la première année. Le monde était allongé sur des coussins et tu entendais une mouche voler."