François Cousineau : Sortir de sa tanière
Ce samedi, François Cousineau se mettra tout beau, peut-être même en tuxedo, pour un grand concert au profit d’un lieu qu’il chérit, le Centre d’arts Orford.
Depuis que François Cousineau n’est plus sous les feux de la rampe, la musique est pour lui synonyme de grande détente et de plaisir aucunement coupable. Dans sa résidence située sur la berge du lac Memphrémagog, le pianiste dit mener une existence bucolique, digne des films pour lesquels il composait jadis la trame. "J’ai éliminé toutes les tensions, avoue-t-il. Je ne fais plus de show-business; plus de shows, plus de business."
Reste qu’il est difficile pour lui de ne pas se laisser aller longuement sur les touches blanches et noires. C’est au moins trois heures par jour qu’il passe en tête à tête avec son mastodonte d’instrument. Il n’aura donc pas de fourmis dans les doigts lorsqu’il montera sur la scène de la salle Gilles-Lefebvre pour un concert-bénéfice au profit du Centre d’arts Orford. "Ce sera plus un échange qu’un concert. Je vais raconter la petite histoire de chaque composition." Puisqu’il a été le complice musical de toute une génération d’artistes (Diane Dufresne, Clémence Desrochers, Luc Plamondon, Claude Gauthier, Georges Dor…), parions qu’il sortira quelques bonnes anecdotes de ses manches.
François Cousineau fait donc faux bond à sa retraite le temps d’une soirée, car l’endroit lui est cher pour des raisons professionnelles – "C’est la meilleure salle au Québec, celle qui sonne le mieux", affirme-t-il – et affectives. "J’étais à l’école de musique d’Orford comme campeur dans les années 50. Ce fut le début de cet amour que j’ai pour la terre, la nature. Je suis donc ravi par cette invitation du Centre d’arts."
Ce sera l’occasion d’apprécier le talent de ce versatile interprète tout particulièrement célébré comme compositeur. "C’est ce que j’ai toujours voulu. Ça n’a jamais été important pour moi d’être à l’avant." Ainsi, dans l’ombre de Ferland, Dubois ou Leyrac, François Cousineau trouvait son compte car on lui faisait confiance. "Je suis un mélodiste qui ne tolère pas l’erreur."
BOITE A CHANSONS
Pour avoir été au coeur de la frénésie des boîtes à chansons dans les années 60, Cousineau aurait bien aimé qu’on le sorte à nouveau de sa tanière pour cette série de concerts organisée par Robert Charlebois, voulant recréer l’ambiance musicale de la Révolution tranquille. "Je regrette de ne pas être de cet événement. J’aurai aimé qu’on pense à moi", se désole-t-il.
Comme pour donner un avant-goût du dialogue qu’il souhaite établir en spectacle, Cousineau nous raconte alors une péripétie datant de cette effervescente époque. "Je faisais beaucoup de tournées avec Pauline Julien, mais j’étais encore aux études, en droit. Je me couchais parfois à 5h du matin, mais j’avais cours à 8h. J’allais en classe et je tombais endormi. Une chance que mes amis plaçaient pour moi une copie carbone en dessous de leurs notes de cours."
Au concert de samedi, aucune chance de s’endormir avec de telles histoires.