Pentaèdre : Le Jeu de l’inventaire
Le quintette à vents Pentaèdre donne vie à une oeuvre composée au début des années 1980 et qui célèbre le manifeste Refus global. "Place à la magie!"
"Imaginons que l’histoire de la musique pop se soit arrêtée avec les Beatles et qu’aujourd’hui, les concerts rock se feraient sur les mêmes instruments, avec les mêmes amplificateurs, et surtout en essayant de jouer exactement comme ils le faisaient à l’époque. Il y aurait aussi sur disque une bonne centaine de versions de Yesterday, toutes pareilles…" Le hautboïste de Pentaèdre, Normand Forget, utilise cette image pour illustrer le fait que c’est exactement ce qui se passe dans le monde de la musique classique et qu’interpréter une oeuvre, ça ne veut pas dire la jouer toujours de la même façon… C’est quelque chose que l’on a compris depuis longtemps au théâtre et, justement, les membres du quintette à vents n’hésitent pas à se mettre en scène pour donner une facette supplémentaire à leur rôle d’interprète. Après l’avoir fait dans l’excellent opéra surréaliste A Chair in Love (de John Metcalf) ou dans un opéra muet, accompagné par des mimes, voici que Pentaèdre se joint à un comédien pour Le Jeu de l’inventaire.
L’oeuvre est de Michel Longtin sur un texte de Michel Garneau inspiré de celui du manifeste Refus global, rédigé en 1948 par Paul Émile Borduas et le groupe des automatistes. Elle date de 1980, mais elle n’a jamais été créée. "C’est un peu une suite du Refus global, explique Forget. Garneau a extrait 42 images poétiques du texte du manifeste, qu’ils attribuent à Claude Gauvreau, et il forge avec elles un réquisitoire très dénonciateur, pour brasser la cage, dans une langue poétique qui compte de nombreux mots inventés. Ça dure un peu plus d’une heure et, comme le dit Jean Maheux, le comédien: "c’est corpu!"" Le compositeur avait imaginé une mise en scène pour le quintette York Winds, qui devait créer l’oeuvre à l’époque, mais c’est à Alexis Martin que l’on a fait appel cette fois-ci. "On ne monte pas une version scénique, poursuit Forget, mais plutôt une version concert, pour se mettre l’oeuvre en bouche, la faire mûrir et éventuellement y revenir dans le cadre de la saison d’une compagnie théâtrale." Célébrer le Refus global, qui avait 60 ans en 2008, par une création, mieux, une oeuvre en devenir, voilà qui ranime l’espoir!
À L’AGENDA
Ce jeudi, 7 mai, l’ensemble Constantinople, jamais à court de surprises, présente un concert réunissant sur scène des musiciens en provenance d’Istanbul, d’Athènes, d’Iran et de Montréal pour un itinéraire musical qui nous transportera de la musique byzantine du 12e siècle jusqu’à une fusion de la tradition soufie et de l’électronique. En effet, le trio de base de Constantinople sera augmenté par le DJ Mercan Dédé, le maître percussionniste turc Misirli Ahmet, l’oudiste grec Kyriakos Kalaitzidis et la danseuse derviche Tanya Evanson. À la Salle Pierre-Mercure, à 20 h. Info.: 514 987-6919.
Au même endroit, samedi (19 h), Les Petits Violons offrent un concert soulignant le 44e anniversaire de l’organisme mis sur pied par Jean Cousineau. Au programme, des oeuvres de Schumann, Debussy, Kreisler et Corelli arrangées par Cousineau et aussi deux de ses compositions. C’est gratuit!