Jean Lapointe : Le goût de l'eau
Musique

Jean Lapointe : Le goût de l’eau

Auteur-compositeur-interprète, acteur et sénateur, Jean Lapointe propose L’Eau, un album qui jette une lumière nouvelle sur les multiples facettes d’un homme de coeur.

C’est au sénat canadien que la presse était conviée pour le lancement de ce 50e (!) album en carrière. Normal, puisque Jean Lapointe occupe le poste de sénateur depuis 2001, fonction qui lui permet de prendre position sur certains dossiers brûlants d’actualité, dont celui de la chasse aux phoques. "C’est la sénatrice Hervieux-Payette qui m’a demandé de faire une chanson sur le sujet. Je ne connaissais pas bien le dossier", affirme Lapointe, qui est originaire de Price, village du Bas-Saint-Laurent. "J’ai répondu oui, à condition d’avoir tout ce dont j’avais besoin, dont les chiffres. La chasse aux phoques rapporte pas mal plus à ceux qui exploitent les pantins comme Paul McCartney et Brigitte Bardot qu’elle peut en redonner aux Madelinots."

Toujours de façon aussi instinctive, Jean Lapointe aborde le sujet de l’eau potable dans la chanson-titre de l’album. "L’Eau, je l’ai écrite pour les tout-petits à travers le monde, les enfants de mes enfants. Quand on pense que certains d’entre eux marchent 10 kilomètres pour un seau d’eau qui souvent n’est pas potable, c’est effarant!" Cette ballade fait d’ailleurs l’objet d’une collaboration inespérée avec Céline Dion. "Quel cadeau que René [Angélil] et Céline m’ont fait! Je ne pouvais demander mieux", s’exclame le sénateur, qui fait également équipe avec son grand ami Jean-Pierre Ferland. "J’ai écrit une chanson à la suite de son ACV, un accident qui m’a fait de la peine, qui m’a empêché de dormir… J’ai prié pour lui. C’est pourquoi à la fin de la chanson je dis: "Merci au Grand Patron, de m’avoir laissé Ferland pour encore un bout de temps"", note Jean Lapointe, visiblement ému à l’idée de voir ses proches partir avant lui.

À l’écoute des pièces qui témoignent d’une amitié incommensurable et au contact de cette ouverture sur le monde, l’auditeur émergera sans doute de cet album avec l’étrange impression d’entendre quelqu’un boucler la boucle, de voir un homme hisser le drapeau blanc. Son chant du cygne? "Je sais pas. J’ai 73 ans, je ne peux présumer de rien. C’est sûr que j’ai toujours le goût d’écrire, mais je ne peux pas prédire l’avenir. Cet album-là m’a pris presque cinq ans à produire, mais dans trois ou quatre ans… je ne sais pas. Tant et aussi longtemps que je vais avoir la santé, je vais faire de la scène, ça, c’est sûr!" affirme l’homme aux mille passions qui chante avec aplomb les mots de François Léveillée, et ce, nonobstant son statut: "Un politicien a récompensé mon labeur / Y m’a dit: "Tant qu’à dormir, deviens donc sénateur …"".

L’Eau – 11 chansons nouvelles
Jean Lapointe
(Musicor/Select)

À écouter si vous aimez / Jean-Pierre Ferland, Henri Salvador, les monuments canadiens