Marc Hervieux : Opéra incarné
Musique

Marc Hervieux : Opéra incarné

Le ténor Marc Hervieux est de passage à Québec dans la peau de Turiddu, personnage central avec Santuzza dans l’opéra Cavalleria rusticana.

Au fil des années, Marc Hervieux est devenu cet ambassadeur tant recherché par le milieu de l’opéra au Québec. Il en fait la promotion de manière judicieuse et sans relâche. Avec l’énergie qu’on lui connaît, et cette façon très cordiale qu’il a de démocratiser l’art lyrique. Son visage incarne l’opéra.

Il poursuit maintenant une carrière internationale en vue, entre autres au prestigieux Metropolitan Opera à New York. Le ténor y chantera l’automne prochain dans Les Contes d’Hoffman d’Offenbach, alors que le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin, lui, y fera sa rentrée en dirigeant l’opéra Carmen de Bizet. Serait-ce l’invasion québécoise dans la Grosse Pomme? "Tu me parles d’invasion québécoise et ça me rappelle une invasion canadienne, confie-t-il. Je me suis retrouvé au Met alors que les ténors John Mac Master, Ben Heppner et Richard Margison y étaient engagés. Quatre ténors canadiens en même temps, à New York! On avait trouvé ça très drôle et on était allés souper ensemble pour célébrer ça!"

Le chanteur voyage beaucoup, mais nous le retrouvons chaque année à l’Opéra de Montréal ou à l’Opéra de Québec, où il chantera cette fois-ci le rôle de Turiddu dans l’opéra Cavalleria rusticana de Mascagni dès le 16 mai. Chanter devant les siens demeure essentiel pour lui, et il compte bien récidiver dans les années à venir.

"Si tu t’attardes à ce qui se produit dans l’Ouest canadien à l’opéra, où il peut y avoir de trois à quatre créations par année, on voit bien que ce n’est pas la même réalité économique, constate-t-il. Malgré tout, l’Opéra de Québec a accompli de grandes choses ces derniers temps. Starmania Opéra et le concours de chant de Plàcido Domingo, c’était formidable! Tu as eu le doublé Le Château de Barbe-Bleue et Erwartung, dans une mise en scène de Robert Lepage, qui a connu un grand succès. Malheureusement, l’Opéra de Montréal, lui, a dû traverser une période très difficile. Maintenant, avec Michel Beaulac (directeur artistique), on y retrouve une belle dynamique. On veut faire chanter des chanteurs d’ici. Pour que les gens cultivent un sentiment d’appartenance. Il ne faut pas se sentir coupable de faire ça, c’est comme ça partout dans le monde!"

Maintenant identifiée à l’art lyrique italien, sa voix s’accorde à merveille aux oeuvres de Puccini et de Verdi. Une chance pour cet interprète, qui y trouve des affinités indéniables. Avec Cavalleria rusticana, il plonge dans une oeuvre très courte (qui sera jumelée à l’opéra I Pagliacci de Leoncavallo), mais riche en vocalises. "C’est un rôle d’amoureux, mais c’est très différent de ce que je joue d’habitude. Disons qu’il n’y a pas beaucoup de place pour les petites nuances. Je ne sais pas combien il peut y avoir de la et de si bémol. C’est très italien! À la toute fin, par exemple, après le duel au dernier acte, la partition est très claire. Il reste quelques pages et c’est indiqué: "Avec toute la force possible, jusqu’à la fin."" Une directive qui lui colle à la peau.