CEA : Sans compromis
CEA s’apprête à prendre d’assaut les scènes de la province, avec en poche un nouvel album qui risque de surprendre.
Antoine Léveillée
Photo : Étienne Dionne
On s’attendait à une suite festive et ancrée dans le hip-hop pour CEA. Un peu à l’image de leur premier album C’est ça le fun?!, paru en 2006. Mais avec ce deuxième disque intitulé Coin Strasbourg, le collectif, principalement composé de Marieme Ndiaye (voix), Lwazo (MC), Bob Bouchard (M.C.) et Bigg Lou (M.C.), a décidé de trancher et de présenter un nouveau corpus de chansons composé autour d’une démarche poétique désormais complètement assumée.
"C’est beaucoup plus personnel, avoue Bigg Lou. On était vraiment dans un buzz de poésie. Lwazo est un admirateur de Serge Gainsbourg. On a été renversés par cette découverte. Avant Gainsbourg, c’était surtout la musique américaine qui nourrissait notre musique. On écoutait Jean Leloup, bien sûr, mais c’est la musique française qui nous a ouverts à la poésie. On a écrit beaucoup de poèmes qui ne se retrouvent pas sur Coin Strasbourg, mais qui ont inspiré la création générale de l’album. Notre écriture est beaucoup moins urbaine."
La richesse mélodique est toujours présente (Mes idoles) et la voix de Marième incarne avec aplomb cette couleur soul et R&B qui la distingue (Se connaître). Par contre, le tout est nuancé par des pièces plus évocatrices et aux narrations suggestives. "C’est une transition entre ce que nous avons fait pour C’est ça le fun!? et les autres disques qui vont suivre", précise Bigg Lou, qui porte aussi le chapeau de réalisateur avec son complice Bob Bouchard. "Notre plan s’élabore sur quatre albums au total. Pour le troisième et le quatrième, on sait exactement ce qu’on va faire. Des chansons comme Brûler mes photos et Ceci n’est pas mon corps représentent bien la suite."
Coin Strasbourg est à peine complété que, déjà, les deux réalisateurs s’attardent à échafauder le squelette de ce futur disque. "On a pris la décision d’être des artistes à temps plein, continue-t-il. Est-ce que ça va durer 25 ans? Je ne le sais pas. Tant qu’à faire des sacrifices, à être sur la route et à bûcher fort, autant développer une démarche artistique à long terme. On veut que les gens nous suivent d’album en album, pour créer un univers qui nous appartient. C’est ça qu’on voulait montrer avec ce disque: voilà ce qu’on peut faire et "watchez"-nous ben aller!"
CEA
Coin Strasbourg
(Abuzive Musik)
À écouter si vous aimez /
Movèzerbe, Accrophone et Sagacité