Jason Bajada : L’amour est sans pitié
L’auteur-compositeur-interprète montréalais Jason Bajada prouve, avec son troisième album Loveshit et la tournée qui l’accompagne, que la misère lui sied plutôt bien.
"La misère m’a toujours facilement collé à la peau dans le passé. J’avais une certaine facilité à écrire des chansons mélancoliques, qui dépeignaient certaines couleurs de tristesse, affirme d’entrée de jeu Jason Bajada. J’étais le sad songwriter. Si avant je le cachais un peu, maintenant c’est complètement assumé." À l’écoute de Loveshit, le constat est probant: l’amour se révèle un terrible échec, les relations laissent Bajada déchiré, amer et acculé au mur. Si les figures de style et les métaphores étaient autrefois préconisées, Bajada choisit désormais d’aborder les sentiments de manière plus concrète – de là l’étiquette "parental advisory" qui affuble l’album paru en février dernier.
Contre toute attente, ce changement de ton a permis à Bajada d’atteindre son public d’une tout autre façon. "Je pense que tout le monde l’a remarqué. Il y a quelque chose qui s’est passé dans mon écriture pendant cette période de ma vie. Le jour où j’ai décidé d’écrire un document sur ma relation et de ne pas me cacher derrière les mots, une connexion s’est faite avec le public. Est-ce que c’est parce que je suis plus honnête, plus senti, plus direct? Oui, je pense que c’est ça qui est arrivé", soutient Jason Bajada, qui oeuvre sur la scène indie montréalaise depuis 2003.
Nouveau poulain de l’étiquette canadienne MapleMusic Recordings, Jason Bajada jouit d’un buzz en sa faveur. Dans les derniers mois, on lui a proposé plusieurs beaux mandats, dont celui d’assurer les premières parties des concerts de l’Américain Joseph Arthur et, plus récemment, celles de sa comparse montréalaise Martha Wainwright. Des chances que Bajada a pu saisir au vol. "Ça donne l’occasion de se présenter sous un nouvel angle. En première partie, les gens te prennent un peu plus au sérieux que s’ils te découvrent dans une salle de 10 ou 15 personnes. Et c’est quand même pas mal de savoir que Martha adore mon album!" affirme Bajada, qui a également partagé sa marquise avec Dumas.
Les premières parties sont assurément formatrices, Bajada le concède, mais c’est lorsqu’il fait cavalier seul qu’il peut récolter les doux fruits de son labeur. "Je m’attends toujours à ce qu’il y ait deux personnes dans la salle. Je suis toujours surpris de voir que les gens se présentent pour moi. Le public a acheté l’album, l’a écouté et connaît de plus en plus les chansons. C’est un beau cadeau, ça", conclut-il.
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