Le Nombre : Jeux de vilains
Musique

Le Nombre : Jeux de vilains

Le Nombre refait son numéro rock avec Vile et fantastique, mais le pied n’est désormais plus collé au plancher.

Faire du gros rock’n’roll au Québec n’est pas gage de succès. On joue du rock parce qu’on aime ça, pas pour faire des sous. Cette réalité, les membres de Le Nombre, tous des vétérans de la scène locale, le savent très bien. Alors chacun a son job en parallèle et, bien entendu, ça laisse souvent peu de temps pour la musique, hélas. Mais Jean-Philippe "Dynamite" Roy, Gourmet Délice, Ludwig Wax, Pat Sayers et Sunny Duval (récemment remplacé par Jean Bélanger, qui avait déjà joué avec le groupe auparavant) ont pris le temps qu’il fallait et, en février 2008, ils se sont tous rendus dans un studio en banlieue de Paris pour enregistrer leur troisième album complet, plus de quatre ans après le costaud Scénario catastrophe.

Le résultat de ces deux semaines en France et du travail de Ram au mix – qui a beaucoup contribué à épurer le son et à couper dans le gras – s’intitule Vile et fantastique. Un disque un peu moins pesant, mais toujours aussi rock. "Je voulais un album qui soit beaucoup moins rock’n’roll. Lever la pédale un peu. Avoir des cymbales moins fortes et laisser plus de place à la voix. Plus aéré, quoi. Les guitares sont moins distortionnées, plus enrobées. Le son est mieux défini", détaille Jean-Philippe Roy, qui a réalisé la galette. "Ça va peut-être faire bizarre aux oreilles de la personne qui a trippé sur Scénario catastrophe, puisque le son est assez différent. Mais nous ne sommes pas dans un autre univers complètement. Nous avions envie de sortir un peu des sentiers battus. Nous avons ajouté pas mal de claviers; on en retrouve sur la majorité des chansons. D’ailleurs, je précise que la plupart des claviers ont été joués par Alex McMahon, qui est venu nous rejoindre en studio avec Yann Perreau, car ils étaient tous les deux en résidence artistique à Lille (nord de Paris) à la même époque", ajoute le guitariste qu’on a longtemps pu voir à la tête des Secrétaires Volantes. "Je voulais qu’on entende mieux tous les instruments. Parce qu’il y avait des claviers sur l’autre disque, mais ils étaient enterrés par tout le reste. C’était vraiment la batterie qui menait la charge. Là, je dirais que nous avons "popisé" notre son! Aussi, bien que nous étions préparés pour les séances d’enregistrement, nous avons fait place aux imprévus Par exemple, quand nous avons réalisé qu’il y avait un Hammond B-3 dans le studio, nous n’avons pas pu résister! Puis, au point de vue des thèmes, si on compare avec le précédent qui essayait de faire des déclinaisons de grandes et petites catastrophes, à la fois personnelles et publiques, ce disque va un peu plus dans toutes les directions. J’ai écrit les textes, mais j’ai quand même poussé Louis à mettre son grain de sel. Mais Louis nous a dit qu’il est très à l’aise dans son rôle d’interprète tout en prétendant qu’il n’avait pas d’idées. Il a fait un effort et il est arrivé avec le texte "Je suis vide"… Ça nous a tellement fait rire!"

Le disque, lui, n’est pas vide, rassurez-vous!

Le Nombre
Vile et fantastique
(Blow the Fuse)

À écouter si vous aimez/
Bionic, Les Breastfeeders, Démolition