Misstress Barbara : Fille à papa
DJ vedette sicilo-québécoise, Misstress Barbara lance I’m No Human, un premier album qui fait le pont entre la chanson pop et la techno.
Après avoir spinné dans les meilleurs clubs du monde pendant une grosse douzaine d’années, Misstress Barbara (née Barbara Bonfiglio à Palerme, en Italie) s’est mise, à la surprise générale, à pousser la chansonnette. "Je me suis toujours dit que j’écrirais des chansons, ou en tout cas un album de pièces instrumentales, explique-t-elle. Mais je n’avais pas prévu de faire un album. C’était quelque chose d’inattendu."
Le déclic est venu d’un deuil, celui de son père décédé il y a deux Noël. Pour apprivoiser sa peine, ou tout simplement lui donner un cadre, elle a écrit un poème dédié à celui-ci. "Après l’écriture de ce premier poème, je n’ai pas arrêté d’en composer. Dès que je ressentais une émotion forte, je la couchais sur papier. C’est comme ça que sont nées les chansons de l’album."
Dès qu’un être meurt s’installe alors chez ceux qui restent une volonté de construction de l’avenir. La mort de monsieur Bonfiglio a précipité l’aboutissement d’un désir qui se formait chez Barbara depuis quelques années déjà: celui d’exprimer sa part sensible. "Cela faisait 13 ans que je faisais de la musique techno. Je voulais accoucher de quelque chose qui soit plus qu’une somme de tracks de 8 minutes. Un album, ce n’est pas ça."
Elle a donc délaissé un temps ses platines au profit de sa guitare, de son clavier et de sa voix. Ses premières maquettes auraient décontenancé certains de ses collaborateurs proches… "Mon agent, au début, n’était pas certain de la direction empruntée par mes textes et mes chansons. Mais je l’ai convaincu!" Et pas seulement son agent, puisque Björn Yttling, le bidouilleur en chef de Peter, Björn et John, cosigne une chanson de l’album. Les Brazilian Girls et Sam Roberts sont aussi de la partie.
Misstress Barbara ne s’est pas pour autant transformée en Coeur de Pirate. Elle ne renie pas ses racines électroniques. "La confection des sonorités, le travail de production, la création des beats, tout ça, c’est très important pour moi. Ma force est là." La chanson Four on the Floor, qui fait référence au beat en 4/4 des musiques technoïdes, est d’ailleurs la preuve parfaite que Barbara ne fait pas la gueule à son laptop.
Prochaine étape, prochain défi: la scène au Festival de Jazz de Montréal, cet été, puis une tournée. Là encore, il lui aura fallu faire un apprentissage. Chanteuse live, c’est un métier. "On a fait une série de concerts pour se préparer cet hiver, sous un nom différent, les Girls on Ducati, pour qu’on ne se fasse pas descendre trop vite! J’ai appris à travailler avec un band, à jouer avec un groupe, à dialoguer avec le public. C’était très enrichissant. J’ai vraiment hâte de monter sur scène. Ça ne me fait pas peur."
Misstress Barbara
I’m No Human
(Maple Music)
En magasin le 26 mai
À écouter si vous aimez /
Les Brazilian Girls, Lykke Li, Sally Shapiro