Émilie Proulx : Au milieu des possibles
Musique

Émilie Proulx : Au milieu des possibles

Émilie Proulx, une jeune auteure-compositrice-interprète des plus douées, vient présenter La lenteur alentour.

"Rien ne sert de courir; il faut partir à point", dit la fable de La Fontaine, et Émilie Proulx semble avoir pris cet enseignement à coeur. Contrairement à nombre d’artistes qui brûlent les étapes, passant hâtivement de l’obscurité à l’ubiquité (bonjour, Star Académie!), la jeune auteure-compositrice-interprète a pris son temps pour peaufiner son art. "Je travaille comme ça naturellement. Je suis perfectionniste, je veux être fière de ce qui sort de chez nous, ça fait que des fois, c’est un peu long!"

Près de cinq ans se sont écoulés entre la composition de ses premières chansons et le lancement de La lenteur alentour. Entre-temps, il y a eu les premiers spectacles dans les bars, l’enregistrement du EP Dans une ville, endormie et un passage remarqué aux Francouvertes, où elle s’est rendue jusqu’en finale en 2007.

Entourée du guitariste Nicolas Grou, du bassiste Mathieu Deschenaux, du batteur Antoine Marquis et de quelques musiciens invités, dont Navet Confit, Émilie, qui est fan de Joni Mitchell mais aussi de Pink Floyd, a beaucoup travaillé les ambiances musicales de l’album, qui s’avèrent riches et envoûtantes. "Je me suis demandé ce que j’aimais tant dans certains albums qui me suivent depuis longtemps… Toute ma vie, j’ai écouté beaucoup de classic rock, puis j’avais le goût d’aller là-dedans un peu, le son un peu seventies. En plus du côté folk, je voulais aller chercher ce côté planant qui rappelle un peu Pink Floyd."

L’APPRENTISSAGE D’ÉMILIE PROULX

"J’me perds souvent au centre-ville / Au milieu des possibles / Dans une vitrine j’ai vu passer / Ma vie à côté…"

Dans les textes d’Émilie, très imagés et évocateurs, on dénote une recherche de sens, une crainte de ne pas profiter pleinement des possibilités qui s’offrent à soi, ainsi qu’un fort sentiment de mélancolie. "Je ne suis pas sur le bord de m’ouvrir les veines, pas pantoute!" nous rassure-t-elle. "Mais c’est un côté de moi qui m’inspire, je trouve ça riche, ces émotions-là, les bouts où t’es plus down, où tu ne sais pas où tu t’en vas… "Il fait beau, le soleil est sorti", il y a du monde pour faire ce genre de chansons-là, mais moi, c’est jamais quelque chose qui m’a inspirée. On dirait que quand je vais bien, je sors avec des amis, je suis moins portée à écrire là-dessus…"

Non dénuée d’humour, celle qui se dit "perdue entre la certitude et la nage synchronisée dans le doute" (!) dans la chanson qui porte ce titre semble avoir acquis plus de confiance en elle, appréhendant avec optimisme son retour sur les planches et commençant à assumer davantage qu’elle a un talent certain pour composer des chansons. "C’est un apprentissage qui se poursuit, nuance-t-elle. J’en suis encore à apprendre comment faire des tounes, qu’est-ce qui marche bien, qu’est-ce qui marche moins… J’ai pas vraiment de formation là-dedans, alors c’est tout le temps un peu instinctif, par essais et erreurs, mais j’avance là-dedans… Lentement, mettons!"

À écouter si vous aimez /
Monsieur Mono, Laura Veirs, Stuart A. Staples