JMC Project : Prendre position
Après deux ans à peaufiner sur scène son amalgame de jazz et de hip-hop, JMC Project propose Making a Statement, une première galette qui devrait propulser le sextet droit devant.
Si la musique est au centre de la vie des membres du JMC Project (la plupart l’ont étudiée et certains l’enseignent), c’est un projet commun qui les a réunis, celui de faire aimer le jazz à leur génération. Comment? Au moyen d’un croisement qui invite le hip-hop dans le jazz – d’où le nom du groupe, qui sous-entend "Jazz + MC".
Cette combinaison, elle a pris forme dans la tête de Philippe Cyr alors qu’il était encore au cégep: "Je me suis mis à triper sur le jazz et je voulais partager ma passion. J’étais allé voir Soulive [ndrl: un trio jazz-funk] et le show était complètement débile! Je me suis dit que c’était ça que je voulais faire…"
Pas étonnant qu’après avoir recruté les membres du band un par un – Marjorie Fiset (voix, claviers), Guillaume Tondreau (basse), William Côté (batterie), Jod Lamarche (sax) et Pete Tardif (MC) -, le guitariste ait d’abord voulu s’approprier la scène avec le reste du groupe, un espace de prédilection qui est devenu la force de la formation. "Depuis 2007, on a fait quelque 40 shows et on a pris de l’expérience sur scène. Je crois que JMC, c’est un band à voir live, il y a toujours des solos, des imprévus – entre autres avec Jod, on ne sait jamais ce qui peut se passer!" laisse-t-il tomber en riant.
Appuyée par les textes du MC Pete Tardif, pour lequel le musicien ne tarit pas d’éloges, la musique du sextet est composée selon un processus qui puise à deux sources: "Dans le fond, on est de tradition jam band, c’est pas mal collectif, analyse le musicien. Parfois, on va composer à partir d’une progression d’accords; mais il y a aussi des pièces qui sont nées d’un jam. Pour nous, l’un comme l’autre sont intéressants et valables."
Est-ce que se retrouver en studio a été difficile pour ces bêtes de scène? "Quand est venu le temps de faire l’album, on s’est rendu compte qu’on n’était pas capables d’avoir la même énergie en studio que sur scène, donc il a fallu travailler un peu différemment." Au final, le groupe a donc misé davantage sur les voix (dont celle, superbement soul, de Marjorie Fiset), raconte celui qui a fondé Québec Nu-Jazz, entreprise ayant produit quelques spectacles et qui s’intéresse maintenant à la production d’albums, avec Making a Statement et d’autres à venir, même si aucun nom n’est encore officialisé.
Et quel est-il, ce "statement"? "C’est un album d’affirmation en tant que band, qui dit: "On existe!"" D’aucuns les auront déjà remarqués, dont le Festival d’été, qui les a invités à se produire à la place D’Youville cet été, une "tape dans le dos" bien appréciée par la formation, dont tous les membres sont originaires de la capitale, même si la majorité demeure maintenant dans la métropole.
Il ne reste maintenant qu’à savoir sous quelle étiquette on pourra bien les classer: "On appelle ça du jazz hip-hop, mais c’est sûr que ça vient créer d’autres sous-genres, comme le soul ou le nu-jazz… Le Festival, lui, nous a classés dans rock (rires). On laisse un peu les journalistes et l’industrie décider…" conclut-il. Parce que finalement, au-delà du genre qu’on lui accole, la musique, tant qu’elle fait groover, peut bien prendre le nom qu’elle veut.
À écouter si vous aimez /
The Roots, The Herbaliser, The Souljazz Orchestra, Soulive