Santigold : Dites-le avec un « i »
Il y a un an, feu Santogold est apparue en crachant des paillettes d’or dans la galaxie électro-rock. Un an plus tard, place à Santigold… avec un "i". Dans quel trou noir s’est abîmé le "o"?
La rumeur veut qu’un chanteur de Baltimore (Santo Rigatuso, connu sous le nom Santo Gold depuis 1983) ait engagé des poursuites contre Santogold pour usurpation de nom. Désormais prénommée Santigold, l’artiste brooklynoise n’est pas la première à vivre une telle mésaventure. Parlez-en à Caribou par exemple, ancien Manitoba. Le plus souvent, ça se déroule ainsi: un has been en manque d’attention passe sa vie à se googler et remarque la parenté de nom. Outré (et mégalomane), il s’empresse de prendre la chose au sérieux. En général, l’artiste soi-disant "usurpateur" n’a pas envie de dépenser temps et fric là-dessus ayant, quant à lui, d’autres chats à fouetter. Donc il obtempère. Heureusement, dans la plupart des cas, son public, branché sur Internet comme à un sérum de vie, obtient l’info très tôt et s’adapte. Voilà pourquoi en février dernier Santigold a annoncé son nouveau nom sans vouloir s’épancher sur le sujet. Affaire classée.
Il faut dire qu’on est en présence d’une tête forte, qui connaît l’industrie de la musique comme le fond de sa poche: "Quand j’ai commencé dans ce milieu, je n’envisageais aucunement de devenir chanteuse! J’étais dépisteuse pour Epic; je me voyais plutôt à la tête d’une maison de disques. Alors je connais aussi bien le business de l’intérieur."
Avant de venir au monde sous la forme que l’on connaît aujourd’hui, Santi White (pour sa maman, vous suivez toujours?) s’est aussi époumonée dans le band punk Stiffed. C’est à ce moment qu’elle a découvert sa voix. "Il m’a fallu l’exercer comme un muscle. Bien plus de monde qu’on le pense peut chanter. J’aime les gens qui utilisent leur voix comme un instrument." À titre d’exemple, Santigold cite autant Nina Simone que le chanteur des Bad Brains…
Punk, reggae, dub, indie rock, grime, électro: elle n’hésite pas à faire cohabiter les extrêmes. Sa musique évoque le son de M.I.A., des Pixies, on pense même à Cyndi Lauper sur Say Aha… "Je suis entrée en studio en ayant à l’esprit ce désir d’incorporer tout ce que j’aime en musique, d’où l’effet patchwork."
D’ailleurs, pour son premier effort éponyme, Santigold a fait appel à de nombreux collaborateurs (Spank Rock, Trouble Andrew, Diplo, Switch), ce qui donne l’impression que le studio était toujours bien rempli. "En fait, il y a moins de monde impliqué qu’il n’y paraît, précise-t-elle. La majeure partie du travail, c’est John Hill et moi qui l’accomplissons."
Son ouverture aux autres n’est pas passée inaperçue. Elle a collaboré avec David Byrne il y a un moment, travaille sur une toune du prochain Beastie Boys, a réchauffé les salles pour Björk, fait des voix sur l’album de N.A.S.A. "Mais ce qui m’excite le plus en ce moment, c’est Major Lazer, le nouveau projet de Diplo et Switch. Je collabore avec eux sur une chanson intitulée Hold the Line (NDLR: remixée par Ghislain Poirier). Allez écouter ça, c’est une de mes tounes préférées ces temps-ci."
À voir si vous aimez /
M.I.A., Diplo, Lady Sovereign