Sarah Slean : Bonheurs d’occasion
L’auteure-compositrice et interprète Sarah Slean a 31 ans. Si, pour certains, l’âge ne sera jamais plus qu’un chiffre, l’entrée dans la trentaine a constitué pour Sarah une occasion rêvée de repenser sa garde-robe et d’aérer ses idées.
"La vingtaine a été une période de doutes, de craintes et de constante recherche de soi. Depuis quelque temps, j’ai compris quelle place je prenais et ce que je voulais vraiment…" affirme avec une candeur désarmante la jolie chanteuse originaire de Pickering, Ontario. Alors, est-ce que, comme l’affirme Jay-Z, thirty is the new twenty? "Mais absolument!" répond Sarah Slean dans un français craquant. Elle concède toutefois que cette étape a été plutôt pénible, mais qu’après coup, elle lui a permis de faire la paix avec certains aspects de sa carrière, en plus d’entamer un renouvellement des messages qu’elle souhaitait véhiculer. C’est sans doute pourquoi sa récente galette, The Baroness, et The Baroness Redecorates, le EP qui l’accompagne, se veulent plus dépouillés et subtils que la pop excentrique et volubile de Day One (2004) et de Night Bugs (2002), deux opus qui ont mis Sarah Slean à l’avant-plan de la scène musicale canadienne. "En écoutant mes albums précédents, j’entends une artiste qui se délecte des possibilités qui s’offrent à elle. The Baroness représente la fin d’un long chapitre imprévisible: ma vingtaine. J’ai voulu distiller tous ces instincts pour arriver à la vérité dans sa plus simple expression. Quand on écoute Looking for Someone, par exemple, on comprend que j’évite les excès pour exprimer avec justesse le sentiment le plus pur", note celle qui, en plus d’avoir composé la totalité des pièces de The Baroness, en signe tous les arrangements de cordes.
Sa nouvelle tournée, Sarah la voulait aux couleurs de cette économie de moyens. Par l’entremise de The Recession-ista Tour, elle décide de prendre position quant à l’avenir qu’on réserve à la Terre. "Nous venons de réaliser que notre hyperconsommation ne peut perdurer, déplore-t-elle. J’aime penser que nous pouvons utiliser notre créativité pour trouver des solutions qui pourront nous sortir de ce bordel. Dans mon cas, je chante et je donne des concerts. Je devais me questionner à propos des moyens pour utiliser ma voix de la meilleure façon. C’est pourquoi j’ai eu l’idée des robes." Sarah présentera chaque soir une nouvelle robe de haute couture fabriquée par un designer canadien à partir de vêtements de seconde main. "J’aurais pu affirmer que je faisais ma tournée en solo pour réduire mes émissions de gaz carbonique, mais ce message n’apporte rien de nouveau et me semble déprimant. Le truc avec les robes me convient parfaitement puisqu’il représente la création artistique, le positivisme et engage l’imaginaire collectif dans un discours totalement différent", raconte celle qui servira de mannequin soir après soir pour ces vêtements mis par la suite aux enchères au profit de la Fondation David Suzuki. "Est-ce que je vais garder une des robes pour moi? Ce n’est pas l’envie qui manque, crois-moi! Mais parfois, il faut se contenter de celles qu’on a déjà… non?" termine-t-elle.
À écouter si vous aimez / Tori Amos, Hawksley Workman, les ventes de garage