Yesterday's Ring : Hommes en noir
Musique

Yesterday’s Ring : Hommes en noir

Le professionnalisme du nouveau disque de Yesterday’s Ring nous porte à croire que le groupe a pris le pas sur la formation "principale" de ses membres: The Sainte Catherines.

Affublé dès 2000 du qualificatif "projet parallèle" des membres de la formation punk montréalaise The Sainte Catherines, Yesterday’s Ring a pris du galon à mesure que sa discographie gonflait. Si bien qu’à l’écoute du dernier-né, Diamonds in the Ditch, force est d’admettre le statut prioritaire du projet. Finie l’époque où les albums du combo country-rock étaient composés sur un coin de table entre deux tests de son des Sainte Catherines. Paru sous l’étiquette canadienne Aquarius (Danko Jones, Gob, Sum 41), le disque inclut la participation de Mara Tremblay (en anglais!) et de Coeur de Pirate. Sa réalisation est plus léchée, ses pièces, plus matures et ses arrangements, plus peaufinés.

"Présentement, la carrière de Yesterday’s Ring a pris le dessus", confirme le guitariste Fred Jacques. "On a pris notre temps pour produire l’album à Montréal. On voulait pousser le projet à fond et faire le disque de nos rêves. Le country, c’est la musique qu’on écoute tous les jours: Johnny Cash, Willie Nelson, Tom Waits, Steve Earle."

Lorsqu’on discute avec le musicien, le constat crève les yeux. Si l’énergie brute du punk leur collait à la peau depuis 10 ans, en 2009, ce sont les compositions plus posées de Yesterday’s Ring qui ressemblent le plus à Fred, Louis Valiquette, Hugo Mudie, Rich Bouthiller (quatre membres des Sainte Catherines), ainsi qu’à Ryan Battistuzzy et Baloo (Fifth Hour Hero/Mi Amore). "On n’abandonnera pas les Sainte Cath parce qu’on aime encore se défoncer sur scène, mais on a envie de laisser l’esthétique punk de côté. Le country nous permet une finesse et une profondeur qu’on ne retrouve pas dans le punk rock. On travaille les arrangements, on enregistre un paquet d’instruments (piano, cuivres, guitares, banjo, harmonica). On n’a pas de limite, comparé à ce qu’on fait avec les Sainte Cath. Tu sais, c’est facho, le punk. Tu ne peux pas trop t’écarter du registre rentre-dedans, alors qu’avec Yesterd, on a l’impression d’être plus libre. On a mis sur ce disque des chansons qu’on ne pensait jamais endisquer tellement elles sont pop. Mais fuck les conventions, on se donne la liberté de créer, d’être heureux là-dedans."

Cette quête de liberté se reflète également dans les textes de Diamonds in the Ditch, roadtrip où le héros quitte Montréal pour se sortir de la drogue, de l’alcool et d’un amour perdu. Il roule jusqu’en Floride pour réaliser que la vie n’y est pas plus rose. "Il n’y a que les problèmes de dope qui nous sont arrivés pour vrai." Et ce n’est pas la fuite qui a sauvé les musiciens du gouffre, mais leur fraternité. "Quand tu te retrouves six dans un camion pendant de longues heures en tournée, les vérités se disent rapidement. Je me souviens de conversations qui servaient à botter le cul de certains membres. Fallait se le dire: "Heille man, tu l’échappes, là. Ça va pas ben, ton affaire." Quand t’as le regard de cinq autres gars sur toi qui ne te jugent pas, mais qui te donnent un sérieux avertissement, t’as juste envie de leur prouver que t’es capable, de t’en sortir. Que t’es plus fort que ça."

Si seulement cet esprit régnait dans le vestiaire des Canadiens de Montréal.

À voir si vous aimez /
Johnny Cash, Steve Earle, The Sainte Catherines