Tiga : Le bel et le beat
Musique

Tiga : Le bel et le beat

Tiga est de retour avec l’excellent Ciao!. La crise, il s’en fout. Tout ce qu’il veut, c’est vous faire danser.

Tiga Sontag n’est pas qu’un D.J., qu’un producteur/compositeur de musiques technoïdes. C’est aussi un peu un acteur: à chaque album, son personnage. Pour son précédent opus, Tiga s’était réinventé en Sexor, le dandy libidineux. Avec Ciao!, il s’attaque à son propre mythe de D.J.-vedette, de garçon un peu précieux et superficiel. En guise de promo vidéo, il s’est mis en scène dans une entrevue fictive, façon Charlie Rose, où il rivalise de prétention, d’égocentrisme et de mégalomanie avec les superstars les plus "divaesques" du showbiz.

"Ce petit projet de vidéo est né de mon écriture de textes promo pour ma compagnie de disques. Souvent, on tartine épais dans ce genre de communiqué. Je voulais m’amuser avec les inepties autoglorificatrices qu’on peut y lire. Mais, vous savez, le personnage que je présente dans ce vidéo n’est pas très loin de la vérité. Je suis moi-même un peu déconnecté de la réalité, du monde extérieur."

Pas étonnant alors que Ciao! donne l’impression d’avoir été composé dans un univers parallèle où la récession n’a pas eu lieu, où le chômage ne grimpe pas et les fortunes ne fondent pas au soleil. Dans le monde de Tiga, tout est au beau fixe. La fête continue. "J’ai toujours fait de la musique fêtarde, joviale. Je ne vois pas pourquoi j’arrêterais. En ce sens, la réalité ne me concerne pas. Je ne fais pas de la chanson réaliste. Je n’ai pas non plus l’intention de gagner des prix comme parolier. Ce qui m’intéresse, c’est livrer un bon hook, une bonne grosse ligne de basse, et faire danser les gens. C’est d’abord pour ça qu’ils viennent me voir. Je ne suis pas Leonard Cohen."

Pour quelqu’un qui se la joue beau gosse, bourgeois, bling-bling et suffisant, Tiga est étonnamment dur par rapport à ses talents de musicien. "En musique, je ne suis qu’un amateur. Je n’ai pas de formation sérieuse. Lorsque je collabore avec des gens comme Gonzales (pour Turn the Night on), ça se fait de manière très informelle. Je fredonne une mélodie, je pianote une ligne de basse sur le synthé, je trouve des samples comme point de départ. Lui, il brode autour. C’est un travail d’essai-erreur très informel."

Avec ses lunettes de soleil (qu’il portait la nuit dans un remake du hit de Corey Hart qui a fait le tour du monde), ses cravates fines, son amour du fluo, Tiga entretient depuis dix ans une image très années 80. Une image rétro dont la pérennité surprend même le principal intéressé. "C’est drôle mais la mode du retour des années 80 dure depuis maintenant dix ans. C’est rare qu’un revival dure aussi longtemps que ça. C’est en partie parce qu’il y a un effet d’entraînement, de répétition en boucle qui vient du Web et qui fait qu’on n’arrive plus à sortir de cette nostalgie. Mais c’est aussi parce que les années 80 ressemblent beaucoup à aujourd’hui: crise financière, crise pétrolière, peur bleue de l’Iran. Les parallèles sont nombreux. En fait, peut-être qu’Ahmadinejad s’inspire aussi des années 80. Il a l’air trop rétro dans son petit blouson en nylon."

À voir si vous aimez /
Soulwax, Gonzales, LCD Soundsystem