Call Me Poupée : Fais ton cinéma
Call Me Poupée, c’est une machine à voyager dans le temps qui fait fi des tendances. Elle se nourrit de cinéma et laisse place à sa musique.
Poupée (voix) et Ken Fortrel (clavier et guitare) remontent sur la scène pour mettre à l’épreuve une nouvelle distribution de Call Me Poupée. Ceux qui attendent impatiemment la suite de Western Shangai, paru en 2006, devront patienter encore quelque temps avant de mettre la main sur leur nouvel album. "On a trois nouveaux musiciens avec nous, précise Poupée. Pour le prochain album, ça va être un peu plus long parce qu’on veut voir vers où ça va se diriger. Les synthétiseurs seront encore plus présents dans nos arrangements. Ça fait seulement deux mois qu’ils sont avec nous. Nous avons du nouveau matériel et il nous reste à travailler tout ça dans les prochains mois."
Toujours aussi passionnés de cinéma, cette fois-ci les deux complices ont délaissé les westerns spaghetti pour plonger dans le cinéma italien. Une passion qui risque fort de teinter leur création à venir même si la chanteuse nous avoue que la direction musicale pourrait avoir un caractère plus actuel. Pas surprenant lorsqu’on constate que le duo fréquente aussi Mingo L’Indien du groupe Les Georges Leningrad.
Qui plus est, ce dernier se joindra à eux pour un concert original qui rendra hommage au cinéma érotique québécois des années 70 lors du Festival Off de Québec. Un spectacle unique qui verra la formation renflouée d’une section de cuivres – un défi d’instrumentation supplémentaire. "Nous ne sommes pas des compositeurs de formation, avoue-t-elle. Nous apprenons avec l’écoute. C’est une façon bien à nous de personnaliser des coups de coeur, sans prétention. Il y a aussi le fait que ces musiques accompagnent des films, c’est une cohabitation parfois ingrate. Les gens ne s’y attardent pas toujours et ne reviennent pas nécessairement écouter ces musiques. La plupart du temps les compositeurs resteront anonymes, et c’est bien dommage."
Le côté visuel a toujours accompagné la pop mélodique du tandem. Une esthétique que l’artiste semble cultiver naturellement et qui a fusionné instantanément à la personnalité du tandem. "On a toujours aimé ça, mais j’ai l’impression parfois que ça déroute les spectateurs, remarque-t-elle. Ils ont l’impression que c’est un déguisement alors que ce n’est pas du tout ça. C’est aussi une manière de vivre pour moi."
Une manière de vivre ancrée dans la nostalgie? "Non. Par contre, on constate qu’il y avait une effervescence particulière dans les années 60 et 70. C’est attirant, c’est sûr. Mais à mon avis, cette effervescence, elle est encore présente à notre époque, il suffit de stimuler la vie artistique. On constate aussi que les lois se resserrent aujourd’hui. Prenons la cigarette par exemple, ou encore conduire une moto sans casque. Ça, ce sont des exemples de symboles qui nous donnent l’illusion d’une liberté révolue. Aujourd’hui, tout est politiquement correct. C’est peut-être bien, mais ça ne veut pas dire que toutes les boutiques de vêtements doivent être pareilles et offrir la même chose. C’est surtout ce genre de conformisme qui me dérange et qui me pousse à proposer quelque chose de nouveau."
À écouter si vous aimez /
Stereo Total, Les Georges Leningrad et Serge Gainsbourg