Koriass : Des racines béton
Musique

Koriass : Des racines béton

Le rappeur Koriass a la sagesse d’un vieux pro malgré son jeune âge.

Depuis la sortie de son premier album complet, Les Racines dans le béton, à l’automne 2008, Koriass s’est imposé comme l’une des valeurs sûres du hip-hop québécois. Son flow parfaitement maîtrisé et sa plume – à la fois incisive, humoristique et poétique – sont à l’image du jeune rappeur: un gars qui ne manque pas de confiance ni de maturité.

Il faut savoir que si Koriass fait preuve d’autant de détermination, c’est qu’il baigne dans la sauce rap depuis un bon moment déjà. En 2001, après quelques années à faire ses classes au sein de la formation Raide-Aktion, il faisait paraître sa première chanson solo. C’était le début de la grande aventure puisque d’autres morceaux déboulèrent dans la foulée, jusqu’à ce mini-album de huit titres, Mort de rire, paru en 2006. Rapidement, le nom de Koriass s’est mis à circuler et l’album rivalisait avec les artistes hip-hop locaux établis depuis un moment.

Nous rencontrons le rappeur sagement attablé devant une tasse de thé dans un café de Montréal. Tout juste sorti d’une séance à MusiquePlus où il proposait une playlist de clips qui l’inspirent, Koriass parle peu – il soigne un vilain mal de gorge – mais il sait choisir les bons mots. D’abord on réalise que le jeune gars assis devant nous n’a rien du rappeur lambda. Look sobre, rien de superficiel ou d’ostentatoire, il parle des clips qu’il a choisis pour la chaîne de télé et balance en vrac Radiohead, The Roots, A Tribe Called Quest, Ariane Moffatt, Justice, Eminem, Peter Gabriel… une série de noms qui laissent entrevoir une certaine ouverture d’esprit. "Je n’écoute pas que du hip-hop. Il y a vraiment toutes sortes de trucs qui m’allument. Pour la musique que je fais, mes influences viennent surtout du hip-hop, mais j’écoute de tout depuis que je suis très jeune car dans ma famille, on a toujours écouté beaucoup de musique. Au bout du compte, ça finit par se retrouver dans mon travail. Mais c’est surtout dans les thèmes que je tente d’éviter les clichés. J’essaie de varier, de ne pas me répéter, ce qui n’est pas le cas de tout le monde dans le hip-hop."

"J’ai commencé à faire du rap vers l’âge de 14 ans, mais disons que je fais ça beaucoup plus sérieusement depuis 2004, quand je me suis réellement rendu compte que j’avais un bon potentiel, poursuit Koriass. Ultimement, c’est ma rencontre avec Anodajay qui m’a lancé. Il m’a offert un contrat de disque (7e Ciel Records)", précise le rappeur en soulignant qu’il n’a pas brûlé les étapes. "Ça s’est fait petit à petit. J’ai peaufiné mon écriture, puis je me suis familiarisé avec la production, une étape à la fois. Et ce sont aussi les nombreuses rencontres que j’ai faites qui m’ont mené là où je suis. J’ai beaucoup appris des vétérans de la scène hip-hop locale, entre autres DJ Manifest qui a produit une bonne partie de mon album Les Racines dans le béton."

Respect, humilité, détermination… Koriass sait d’où il vient et à qui il le doit. Maintenant, il sait aussi où il va. Et il veut aller loin.

À voir si vous aimez /
Samian, Accrophone, L’Assemblée