Mondial Choral de Laval : Cent voix
Musique

Mondial Choral de Laval : Cent voix

Aznavour, Charlebois et Mes Aïeux lieront leurs voix à celles des chorales du Mondial Choral de Laval, du 19 juin au 12 juillet. Du bonbon pour Gregory Charles, directeur artistique de l’événement pour la cinquième année consécutive.

Gregory Charles n’est pas seulement intarissable, il a aussi le don d’ubiquité: partout à la fois. Il faut l’attraper au vol, entre deux télés et trois radios. Ça ne traîne pas, les réponses sont données avant qu’on n’ouvre la bouche. Une sorte de Louis-José Houde en moins drôle mais avec une oreille plus musicale.

Ce qui lie toutes les activités de Gregory, du comédien à l’animateur, ce qui lui fournit l’énergie de tout faire, c’est sa passion pour la musique: "Me résumer en un mot, je dirais MusicMan, et pas seulement parce que c’est le titre du show que je monte! La musique est tellement présente dans tout ce que je suis ou que je fais: l’enseignement, la scène. Au quotidien, je suis rempli de musique. Je tripe autant à écouter des symphonies de Haydn que le hip-hop le plus récent. Je ne comprends pas ceux qui disent aimer la musique mais se contentent d’une seule affaire. La musique, c’est tellement plus large que des modes!"

QUATRE CONTINENTS

Il s’emporte, Gregory Charles, mais suit une pensée bien claire: au bout du fil, il est là pour vendre son festival Mondial Choral. Tout au long de l’entretien, il y revient sans cesse, quitte à faire dévier la discussion.

Alors, comment a démarré ce goût pour la chorale? "Quand j’étais petit, j’ai fait partie d’une chorale. Puis, dans les années 1990, j’ai travaillé avec des choeurs, surtout des enfants. J’ai beaucoup voyagé avec ces choeurs: en France, en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Italie, puis au Japon, en Chine. Les chorales de ces pays venaient également nous rendre visite. J’ai eu envie de proposer à la Ville de Laval de les accueillir. Quelques années ont passé, je suis retourné faire ma proposition. Laval est la ville qui a le plus grand nombre de choristes per capita. Le chant choral, ça s’adresse autant aux enfants qu’aux personnes âgées. Finalement, le festival s’est monté."

Le succès a été au rendez-vous dès le début. "Cette année, pour la cinquième édition, on a des artistes de quatre des cinq continents. Europe, Afrique… C’est le rassemblement choral le plus important en Amérique. C’est moi qui fais la direction artistique. J’essaie également de faire plaisir aux choristes, d’inviter des artistes qu’ils aiment. Avec Aznavour, par exemple, les choristes tripent! Ils annulent des choses pour pouvoir venir chanter avec lui! D’autres sont contents de pouvoir le faire avec Charlebois, avec Mes Aïeux. En soirée de clôture, nous avons un spectacle qui réunit Michel Rivard, Daniel Lavoie et Paul Piché. Et ça, c’est juste les shows extérieurs à grand déploiement, il y a aussi la programmation en salle…"

HISTOIRE TORTURÉE

Gregory Charles fait honneur à sa réputation: omniprésent et volubile. Certains le lui reprocheront, d’autres parleront plutôt de dynamisme, de simplicité. Ce dont il reste le plus fier dans sa carrière, c’est l’enseignement. Le contact avec les gens. Il peut remplir le Centre Bell et aimer la proximité. Mais voilà qu’on s’égare. Quelques minutes à parler de lui-même, c’est trop. Il faut revenir à nos moutons, les choristes, le Mondial Choral. Et à la musique, qui est une chose infiniment belle. À condition de rester ouvert, n’est-ce pas Gregory?

"Avec notre festival, on a réussi à donner un nouveau visage au chant choral. Au Québec, il a une histoire un peu torturée. Les chorales, c’était extrêmement fort, il y en avait plein. Ça a produit plusieurs artistes, et pas juste des chanteurs classiques. On pense à Ginette Reno, Céline Dion ou plus récemment Annie Villeneuve. Mais comme le chant choral était très relié à l’Église, quand celle-ci a périclité, les chorales s’en sont ressenties. Mais c’est revenu avec les années. Moi, j’en ai toujours fait, je trouve que c’est un art citoyen vraiment le fun. J’avais confiance qu’un tel festival pouvait exister."

À notre époque où le savant et le populaire se mêlent sans trop de heurts, où les différents styles s’entrechoquent dans tous les arts, il y a une large marge de manoeuvre pour tous les Gregory Charles de la Terre. Qu’on rêve en grand, avec des projets à la fois simples et démesurés, drainant des foules et des mélomanes. Qu’on puisse créer un cadre où Aznavour, entouré d’un grand orchestre et de dizaines de choristes, chantera le dénuement, la misère de la vie de bohème.

www.mondialchoral.org