Phoenix : Phoenix a raison, nah!
Phoenix a le vent dans les ailes. Entrevue avec Branco, guitariste du quatuor français qui a conquis l’Amérique.
On ne peut pas dire de Phoenix qu’il renaît de ses cendres. Après tout, même si son précédent album, It’s Never Been Like That, avait reçu un accueil un tantinet tiède, le feu du quatuor versaillais n’a jamais cessé de brûler. Mais il est clair que depuis la sortie de Wolfgang Amadeus Phoenix, une collection de dix pistes pop-rock concoctées avec l’aide de Philippe Zdar (la moitié de Cassius), les musiciens Thomas Mars, Laurent Brancowitz, Deck D’Arcy et Christian Mazzalai ont atteint des sommets qui leur avaient été jusqu’alors inatteignables.
L’événement sur toutes les lèvres: leur passage à Saturday Night Live aux côtés du truculent Seth Rogen, début avril, une première pour un groupe rock français. L’Amérique moyenne découvrait quatre jeunes hommes dans le vent, relax, cool, interprétant avec fougue et aisance Lisztomania et 1901, les deux premiers singles du nouveau disque. "En trois minutes, nous avons rejoint plus de spectateurs qu’en dix ans de carrière", commente Laurent Brancowitz, alias Branco, guitariste du groupe.
"On a pris la chose avec une certaine distance. Nous n’étions pas tout à fait conscients de l’importance de ce show, se souvient-il. Mais c’était une expérience formidable que de voir cette machine de l’intérieur: une centaine de personnes qui travaillent sans filet, avec une espèce de grâce, cette légèreté des grands."
Mais avant la conquête de l’Amérique, il aura fallu que Phoenix séduise l’Europe. Les débuts ont été difficiles. "On a été confronté à des gens pour qui le monde était bipolaire. Pour eux, il y avait les Smiths d’un côté et une pop légère et futile de l’autre. Ces univers ne devaient pas se rencontrer. Il y a dix ans, en France, on avait l’impression qu’il y avait beaucoup de filtres. Tel programmateur radio trouvait nos chansons trop longues. Tel chef d’antenne, que nos clips étaient trop sombres. Et puis, avec le temps, le paysage médiatique a changé, s’est rajeuni. Il y a eu un changement de garde. Les jeunes journalistes ont compris l’alternative esthétique que nous offrions."
Un changement de garde qui correspond aussi à l’explosion du Web en tant que formidable outil de promotion de la musique. Pour Branco, "nous vivons un moment un peu fou de l’histoire de la musique. Les artistes aujourd’hui peuvent sortir du système, trouver des raccourcis".
Autre facteur de succès pour Phoenix: leur choix de chanter en anglais. À ces Français que ce choix énerve, Branco répond: "L’anglais, c’est un peu le latin de notre époque, une langue internationale. Mais il y a une légèreté, un humour, une façon de passer du sérieux à l’ironie qui est très française chez nous. Ce n’est pas parce que Björk chante en anglais que sa musique n’est pas islandaise."
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