The Lost Fingers : Le kitsch, c'est chic
Musique

The Lost Fingers : Le kitsch, c’est chic

Le sympathique trio The Lost Fingers repart le bal manouche des plaisirs coupables, mais cette fois, c’est le répertoire franco qu’il sort des boules à mites.

Lorsque Byron Mikaloff répond à notre appel, il se trouve chez le nettoyeur. "C’est moi qui s’occupe de ça", nous lance le guitariste. The Lost Fingers ont beau être devenus une grosse machine bien huilée, l’implication des trois membres se manifeste encore à plusieurs niveaux… et celui des costards est d’une importance capitale! "C’est exigeant, renchérit Byron. Il y a les suits roses et ceux carreautés blanc et noir qu’on porte avec une cravate rose pétant ou jaune. C’est notre kit Joe le taxi. (rires)"

Ce hit francophone, The Lost Fingers l’ont récemment dépoussiéré pour le chanter avec Stéphanie Lapointe imitant la voix de Vanessa Paradis. La chanson a bien failli faire partie de l’album Rendez-vous rose, deuxième disque de ce trio qui s’amuse ferme à reprendre des plaisirs coupables des Québécois pour en faire de petites bombes à saveur swing manouche. "La toune est super cool, mais il a fallu l’enlever. Elle était trop mellow, mais on va la sortir sur iTunes. Pour l’album, on a gardé les chansons plus "hypées"."

L’autre distinction de ce second opus: la réinterprétation de classiques aux résonances kitsch se fait en compagnie de plusieurs artistes chouchous des Québécois. Ainsi, on retrouve Éric Lapointe qui chante ironiquement Aimes-tu la vie comme moi? ("C’est dur à imaginer, hein?"), Plastic Bertrand y va de Ça plane pour moi, Philippe Lafontaine nous revient avec Coeur de loup ("Il y fait un solo de scat. C’est super tripant!"), Nanette Workman casse la baraque avec Lady Marmelade… Même Daniel Lavoie est du périple, mais pour la chanson Ils s’aiment et non pas pour Le Pape du rap. À chacun ses classiques!

Étant anglophone et originaire de la Colombie-Britannique, Byron a dû faire confiance à ses comparses, le chanteur et guitariste Christian Roberge et le bassiste Alex Morissette, quant au choix des pièces, mais il a rapidement compris que le groupe faisait mouche à nouveau. "Chaque fois qu’on joue La Dame en bleu de Michel Louvain, le monde part à rire. Il y a aussi une réaction instantanée pour La Compagnie créole. Tout le monde se lève et se met à danser."

Sur le plan musical, on peut s’attendre à de nouveaux exploits d’agilité de la part des doigts des guitaristes des Lost Fingers. "On a tellement fait de spectacles, explique Byron. On a vraiment pogné une coche dans le jeu des guitares, la synergie dans le groupe, les harmonies vocales… C’est un jazz plus raffiné. Ça s’entend sur l’album. On a eu plus de temps pour le travailler. Le premier disque, c’était un accident, un démo."

Toutefois, Byron ne s’attend pas à une approbation générale de la part du milieu du jazz. "Il faut une approche humoristique pour apprécier les Lost Fingers. On a reçu plusieurs compliments de la part de grands musiciens de jazz manouche, mais ça leur prenait une certaine ouverture. Si tu es un puriste, notre projet va te faire chier!"

The Lost Fingers
Rendez-vous rose
(Tandem)
En magasin le 16 juin

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