Cali : À poil et basta
Musique

Cali : À poil et basta

Cali ne peut pas se passer de la scène. C’est une zone vitale dans laquelle il se retrouve face à lui-même, complètement nu.

Cali s’apprête à monter sur scène, le soir même, au moment de cet entretien. Un concert spécial qui a lieu dans son village natal à Vernet-les-Bains, dans les Pyrénées. "Je tenais à faire cette date-là, c’est un endroit où les concerts passent rarement, précise-t-il. Je vais me retrouver à jouer devant des frères et des soeurs, des cousins et des amis de longue date. C’est très spécial ce soir."

Avec cette nouvelle tournée intitulée Nu, il se permet de revisiter ses chansons dans la forme la plus simple, avec un piano et une section de cuivres. "C’est très agréable et je m’adapte. Déshabiller et rhabiller ces chansons, c’est toujours un exercice très excitant."

"Au départ, ajoute-t-il, c’était particulier avec le public. Quand on a une rythmique très rock en arrière de soi, il se forme un bouclier avec lequel on peut composer et qui nous protège. Lorsqu’on attaque, on attaque tous ensemble! Ça, j’y suis habitué. Là, c’est sur le fil. Chaque mot est pesé, chaque silence aussi. Tout ça, c’est un travail d’interprétation complètement différent, et parfois même difficile."

Après cette tournée qui a suivi la sortie de l’album L’Espoir (maintenant immortalisée sur disque et sur DVD), le chanteur semble se permettre une période d’accalmie sur scène pour mieux se ressourcer. Malgré la très bonne réception critique qu’a obtenu son travail, il retient de ce troisième album quelques passages troubles. "Quand on parle d’amour sur ses premiers disques et qu’on fonctionne bien en tant qu’artiste, on nous catalogue et on nous place dans une chapelle, constate-t-il. Moi, quand je me retrouve dans une chapelle, j’ai envie d’en sortir et d’aller en bâtir une autre. Le but du jeu, c’est de parler de ce qui nous touche sur le moment. On n’a pas à se mentir ou à mentir à la vie. L’Espoir contenait trois ou quatre chansons très ciblées, sociales et politisées. Il y a eu beaucoup de gens qui m’ont tapé sur l’épaule en me disant "Merci de vous engager et de donner votre opinion", et d’autres, par contre, qui m’ont sermonné en me disant que je n’avais pas à faire ça. J’ai eu à me justifier. C’était toujours sur le feu."

Avec Léo Ferré et Joe Strummer en tête comme modèles, il serait difficile d’être surpris par cette nouvelle direction artistique qu’il a assumée sans détour. Cali demeure libre et un poète dans l’âme, tout comme Christophe Miossec, avec qui il cultive encore une grande amitié. "La première fois que j’ai rencontré Miossec, c’était à l’un de mes concerts à Paris. Lui, dans ma loge, qui regardait ses souliers, et moi, en face, qui comme un petit garçon a baissé la tête pour regarder ses souliers aussi. On n’arrivait pas à se parler, trop timides l’un et l’autre. Après, on est allés boire un coup tous les deux et c’est parti de là. Nous avons beaucoup de choses en commun et, pour moi, il demeure un très grand poète pour notre génération. Aujourd’hui, c’est devenu rigolo. Dès que l’un d’entre nous sort son disque, on s’appelle pour se dire: "C’est fortiche, je peux tout te piquer pour faire le mien!"" À qui le tour?

À écouter si vous aimez /
Miossec, Dionysos et Louise Attaque