Jimmy Cobb : Kind of Blue, pour toujours
Jimmy Cobb célèbre le 50e anniversaire de Kind of Blue sur scène. Rien de nostalgique, l’histoire continue de s’écrire.
Il serait impossible de résumer en quelques lignes la carrière du batteur Jimmy Cobb. Les noms se multiplient, et pas n’importe lesquels. On y voit les chanteuses Dinah Washington et Sarah Vaughan, le saxophoniste Julian "Cannonball" Adderley, le guitariste Wes Montgomery et, bien sûr, le trompettiste Miles Davis, avec qui il a travaillé de 1958 à 1963. Une association incontournable qui l’a amené à faire le disque Kind of Blue, encore aujourd’hui considéré comme un incontournable du jazz.
Maintenant le seul musicien encore en vie de la distribution originale qui, en plus de Miles Davis et Cannonball Adderley, réunissait le saxophoniste John Coltrane, le pianiste Bill Evans (et Winton Kelly) et le contrebassiste Paul Chambers en studio, il porte le titre de témoin de ce pan d’histoire qui a fait sa marque dans la musique. Un titre qu’il assume avec la modestie qui est coutume chez les vétérans.
Le musicien avoue quand même trouver presque plus agréable de faire de la musique aujourd’hui, avec tous ces jeunes musiciens qui désirent percer le secret du son des Davis et Montgomery. Revenir sur la scène avec le trompettiste Wallace Roney, les saxophonistes Javon Jackson et Vincent Herring, le pianiste Mulgrew Miller et le contrebassiste Buster Williams pour revisiter Kind of Blue est un autre de ses plaisirs. "Le fait que cette musique existe depuis 50 ans ne veut pas dire qu’on vit dans le passé, précise-t-il. C’est un disque qui a fait sa place et qui va la garder pour toujours. Si la musique est bonne, elle est bonne, voilà tout. C’est la même chose pour Duke Ellington: on ne vit pas dans le passé lorsqu’on joue sa musique. Elle est bonne et elle va exister pour toujours."
Il garde précieusement en mémoire ces deux séances en studio et comprend bien ce que comptait faire Davis en compagnie du réalisateur Irving Townsend à cette époque. Déjà, le trompettiste semblait ailleurs et en marge de ses contemporains. Pour Jimmy Cobb, le pianiste Bill Evans y était aussi pour beaucoup. "C’était un original et il cultivait une vision très personnelle de la musique. Miles aussi se démarquait sur la scène, mais avec Bill Evans à ses côtés, il a trouvé quelqu’un qui pouvait l’amener encore plus loin. Cannonball a lui aussi été un facteur important dans ce groupe et dans la carrière de Bill. Il était déjà signé sur Riverside Records, et dès que Bill était dans les parages, il l’amenait avec lui en studio. Par la suite, Bill y a décroché son propre contrat."
Et les anecdotes se suivent et nous donnent l’impression que tout se faisait dans la spontanéité. Un trait qui, selon lui, fait parfois défaut sur la scène actuelle, à laquelle il s’attarde en collaborant avec le saxophoniste Andrew Speight à l’Université de San Francisco. "Ça s’appelle Generations Jazz. Nous montons un combo avec des musiciens et nous faisons venir d’autres combos de l’extérieur pour les mixer ensemble. C’est l’occasion pour eux de se laisser aller un peu plus, si tu vois ce que je veux dire. De se concentrer sur la musique mais, surtout, sur l’art d’en faire."
À écouter si vous aimez /
Miles Davis, Cannonball Adderley et Bill Evans