Nouvelle scène sherbrookoise : Nouvelle vague

LES PETITES CHANSONS VACHON

Vincent Vachon est un cachottier. Remarqué au sein du Banjo Consorsium, le multi-instrumentiste était demeuré discret au sujet de Noem, un projet auquel il travaille depuis un moment et qui, comme sa formation soeur, aime son folk teinté d’électro. "Je ne voulais pas trop en parler avant que ce soit concret", avoue-t-il, visiblement fier de son coup. L’enregistrement d’un premier EP de quatre titres récemment paru, entièrement autoproduit, a été l’occasion pour Vachon et son comparse Dominique Massicotte d’inviter des amis de choix à la table de travail: Cynthia Raymackers (the random partition occurs through nowhere), qui a traduit au violoncelle les idées d’arrangements de cordes que l’auteur-compositeur-interprète était contraint à fredonner, et Bernard Beaulieu, parolier, arraché à sa retraite l’instant de deux textes. Avec la volonté de faire de Noem un véritable projet de groupe, Vincent Vachon amènera toute sa bande sur scène cet automne et réfléchit déjà à un album complet.

GARÇONS, FAITES-MOI DANSER!

"Le son sort de partout sur la planète", annonce, mi-euphorique, mi-dépassé, BanTamSam (Samuel Chabot) du duo de DJ Garçons!, colorée manière d’évoquer l’effervescence de la planète électro. Lancé à bride abattue il y a un an, Garçons! a tôt fait d’être la courroie de transmission sherbrookoise de ce bouillonnement et d’assouvir, avec ses soirées rodées au quart de tour et ses mashups iconoclastes, les besoins d’un certain public électro-hipster qui ne savait pas jusqu’alors à quel saint se vouer. "On a comblé un vide", suggère Chabot tout en saluant avec déférence ceux qui animent aussi maintenant la scène, Macaronik et Electro Thunder Bitch en tête de liste. Il retrouve ces jours-ci son collègue PeeWeeGee dans la métropole avec à l’agenda une présence assidue derrière les consoles des clubs, la production de morceaux originaux et une association avec l’équipe We Blast Out. Au Téléphone Rouge le 19 juin avec Jarco Weiss et Stern.

CE QUE SONT DEVENUS LES PETITS GARS D’À CÔTÉ

Une adolescence au son d’Iron Maiden, quoi qu’en pense Tipper Gore, ne mène pas directement en enfer. Prenez par exemple Luc Cloutier, de l’ovni musical Guajira. Ayant grandi au son du métal et du prog, le batteur allait un jour tomber pour les musiques latines et fonder, avec Jean-François Tremblay (guitare), un duo alliant les rythmes de ses amours de jeunesse à la chaleur de ses passions du moment. Leur premier album enregistré dans un chalet d’Ayer’s Cliff, choisi spécialement pour son acoustique, nous fait passer d’étonnement en étonnement; le jeu fingerstyle de Tremblay, très percussif et riche en harmoniques, y est pour beaucoup. Le duo souhaite d’ailleurs que ce style les porte sur les scènes du monde entier, en Allemagne par exemple, où les adeptes sont semble-t-il nombreux. Ne leur restera plus qu’à reprendre Guantanamera, la guajira (terme désignant une forme de chanson traditionnelle cubaine) la plus célèbre.

ARIANE ET SES INTELLOS

Ariane Bisson McLernon ne nous fait pas de crise à la Billy Bob Thornton – Dieu soit loué – quand nous abordons sa carrière de comédienne (Entre nous et nulle part d’Anh Minh Truong) dans une conversation devant porter sur Alice and the Intellects, sa nouvelle formation folk-rock. Les choses sont cependant vite mises au clair: elle n’est pas une de ces actrices-qui-chantent-avec-un-filet-de-voix à la Sandrine Kiberlain. Ni très théâtrale lorsqu’elle prend la guitare. "Je n’ai pas le goût de jouer des personnages sur scène", confie-t-elle. Pourtant montée une seule fois sur scène, Alice and the Intellects, avec ses solides musiciens (Étienne Dupuis-Cloutier, David J. Adamowicz, Marie Neige Châtelain), a tout pour être la formation de Sherbrookois expatriés à surveiller et pour ravir quelques fans à Cat Power et Eleni Mandell. Sa leader consacrera son été à écrire et à étoffer ses compositions en compagnie de Stéphane Leclerc (guitare), avec l’objectif d’entrer en studio cet automne.