Al Di Meola : Sur la planète Di Meola
Musique

Al Di Meola : Sur la planète Di Meola

Le guitariste Al Di Meola délaisse l’électrique pour l’acoustique et revient en force avec son ensemble World Sinfonia, édition 2009.

Le terme "virtuose" lui est automatiquement accolé dès qu’on mentionne son nom. Le guitariste Al Di Meola est bel et bien de cette trempe, un musicien pour qui la six cordes n’a plus de secret. Du moins nous pourrions le penser. Mais au-delà de la technique, l’interprète a su cultiver son travail de compositeur et sa passion pour les musiques hispaniques et latines qui, après le flamenco, l’a amené à s’intéresser au maître du tango Astor Piazzolla.

Avec son ensemble World Sinfonia ’09, le guitariste – qui aura 55 ans au mois de juillet – s’est entouré de Peo Alfonsi (guitare), Fausto Beccalossi (accordéon), Victor Maranda (bassiste), Peter Kaszas (percussions) et Gumbi Ortiz (percussions) pour non seulement rendre une forme d’hommage bien personnel au compositeur argentin, mais aussi donner une vitrine de choix à ses nouvelles compositions. L’artiste ne tarit pas d’éloges sur son ensemble acoustique et sur cette musique qui, remarque-t-il, attire même la gent féminine. Terminé le jazz fusion et place à l’émotion.

"Le jazz fusion, c’est la somme de tant de choses… Mais c’est principalement une question de volume sonore! indique-t-il en rigolant. Avec le fusion, l’interaction entre le groupe et le public passe par l’excitation. On n’atteint pas le coeur des gens, c’est plutôt une joute sonore. Au fil du temps, c’est un style musical avec lequel j’ai commencé à m’emmerder… Je crois qu’une musique qui compose avec un large spectre d’émotions peut aussi être intellectuellement très stimulante pour un musicien. Surtout dans un cadre acoustique où l’oreille est tout autant stimulée alors qu’elle se fatigue beaucoup moins. Avec la guitare acoustique, on départage les garçons des hommes."

Pour le leader du groupe, ce qui fait la différence, c’est non seulement une bonne composition mais aussi le fait de s’entourer de musiciens qui partagent le même degré de passion pour un répertoire. "Il y a toujours une nouvelle façon d’aborder un style musical, remarque-t-il. Il y a toujours de nouvelles avenues et une nouvelle étape à franchir pour un artiste. La musique, ce n’est pas seulement une question d’improvisation. Trop souvent, on se retrouve face à ces musiciens de jazz qui en font trop. Plusieurs d’entre eux, très connus et que je ne nommerai pas, se perdent dans leurs solos au point d’être complètement déconnectés de leur auditoire. Cet auditoire va applaudir, non pas parce qu’il a apprécié cet élan de "virtuosité", mais bien parce que le solo est enfin terminé!"

Revenant sur ce concert avec les guitaristes Paco de Lucia et John McLaughlin qui a été immortalisé sur disque (Friday Night at San Francisco, paru en 1980), un succès international avec plus de quatre millions d’exemplaires vendus, Di Meola constate que cette expérience a porté ombrage à son travail de compositeur. "Mais c’est normal que plusieurs personnes se concentrent sur ma dextérité. Elle fait aussi partie de ma musique. C’est la même chose lors d’un spectacle de flamenco. Il y a beaucoup de trucs techniques qui ne sont là que pour épater la galerie, et cela fait aussi partie de cette musique. Sans cela, le flamenco sera plutôt bizarre!"

À écouter si vous aimez /
La fougue de Paco de Lucia, la précision d’Alexandre Lagoya, la musique d’Astor Piazzolla