Erik Truffaz : L’invitation au voyage
Le trompettiste Erik Truffaz nous emmène dans ses valises et lance un triptyque inspiré… Joli pied de nez à une industrie mal en point.
En 2008, Erik Truffaz a lancé trois albums plutôt qu’un, même si, tel qu’il le reconnaît lui-même, "on n’est pas dans une dynamique de triptyque en ce moment. Le CD tend à disparaître"…
Trois albums; trois voyages. Le trompettiste d’origine suisse nous emmène à Mexico avec Murcof, à Paris en compagnie de Sly Johnson, et à Benares (Inde) aux côtés de Malcolm Braff et des Mukherjee. Mélange d’effluves et d’épices. Des couleurs chaudes, ambrées, ou une palette de bleus plombés. Des atmosphères vaporeuses dont on revient à la fois apaisé et éveillé, comme au sortir d’une méditation. On se laisse emporter par ces pièces nées d’échanges fructueux entre le trompettiste et des musiciens rencontrés au fil du temps. Pris à témoin, l’auditeur balance entre agréable choc culturel et nouveau coup d’oeil sur des contrées et des airs connus.
Ce n’est pas la première fois qu’un des trompettistes chouchous du FIJM joue au guide touristique. Par le passé, il nous a menés à travers Arkhangelsk (2007), a exploré des sonorités arabisantes sur Saloua (2005). Il est ravi que le festival lui permette de recréer sur scène les trois volets du triptyque (sur trois soirs) avec les musiciens originaux. "En général, je fonctionne par cycles: Paris en mars, Mexico en avril… Le FIJM est le seul qui m’ait permis de jouer les trois!"
Après toutes ces années de vie commune avec le même instrument, où en est Truffaz dans son union avec la trompette? "Le son s’élargit au fil du temps. Pour les chanteurs, c’est pareil avec la voix. Ça devient une extension du corps." Il a la trompette dans la peau: "Bien que je trouve encore que c’est un instrument difficile, parce qu’il faut souffler pas mal pour obtenir un bon son, j’ai le sentiment de l’avaler, la trompette, au fil du temps. Elle est de plus en plus proche de ma voix et du centre de mon être."
À voir si vous aimez /
Nils Petter Molvaer, Robert Wyatt, Miles Davis