Gypsophilia : Sentir le swing
Le collectif Gypsophilia, en vedette au Festival de jazz d’Ottawa, est aux prises avec un heureux problème de personnalités multiples. Son swingant album Sa-ba-da-OW! en fait l’exemple.
"Les membres viennent de milieux musicaux tellement différents qu’il est quasi impossible de décrire quel type de musique nous faisons…" soutient Sageev Oore, pianiste et claviériste au sein de Gypsophilia, collectif dont la formation, fortuite, s’est accomplie à Halifax lors d’un festival de jazz local. "On s’est réunis pour un seul show, mais l’ambiance et la chimie ont frappé très fort… On a décidé de créer un vrai band avec comme base le jazz en général, ce qui nous a permis de commencer à partir de quasiment rien!"
Ainsi, les guitaristes Alec Firth, Nick Wilkinson et Ross Burns (issus du band roots-reggae Verbal Warnin’), le trompettiste Matt Myer (du Johnny Favourite Swing Orchestra), la violoniste classique Gina Burgess de même que le bassiste Adam Fine (de Bend the River) se sont tous joints à Sageev Oore (cumulant les emplois auprès du Symphony Nova Scotia) pour former ce collectif fortement teinté des spécialités de chaque musicien. La preuve réside dans les 12 nouvelles pièces de Sa-ba-da-OW!, sophistiqué deuxième CD enregistré "live en studio", dans le but de retenir la vraie essence du jazz – celle d’être interprété sur scène. Cet album, qui mélange swing avec klezmer et musique traditionnelle de l’Europe de l’Est avec jazz manouche à la Django Reinhardt, présente au mélomane attentif une irrésistible schizophrénie musicale, sans toutefois tomber dans la surenchère. "Notre force, c’est nos différents backgrounds, affirme Oore. C’est la raison pour laquelle on entend, un peu sorti de nulle part, un middle eight? plus reggae, ou qu’on propose une intro clairement inspirée du classique. Certains nous reprocheront notre manque de cohésion, mais c’est, je crois, que notre éclectisme fait notre individualité."
Si les prochaines semaines permettront au groupe Gypsophilia – nommé ainsi en raison de la plante Gypsophila (ou "souffle de bébé"), qui donne des fleurs violacées au printemps – de parcourir le pays sur les scènes de différents festivals estivaux, elles lui donneront aussi d’autres occasions de réinventer, une fois de plus, ses propres compositions: "À chaque concert, on essaie des trucs nouveaux, note Sageev Oore. Si c’est mauvais, on en rit. Mais quand c’est meilleur que l’arrangement original, il est clair que c’est ce qui va prévaloir à l’avenir!"
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