Kaïn : Si j'avais un char
Musique

Kaïn : Si j’avais un char

Kaïn fait escale à Jonquière le temps d’une petite virée sur scène pour commencer en beauté les festivals d’été, avant une tournée française à l’automne. Entrevue avec Steve Veilleux, sans cesse en recherche de "carburant".

"Comme j’ai choisi de vivre en région, mon char est un peu comme ma deuxième maison", affirme Steve Veilleux, principale voix de Kaïn. Ces temps-ci, son groupe et lui prennent un peu de repos après plusieurs années de folles tournées qui ne leur ont pas offert de répit. À peine quelques spectacles de-ci de-là pour "garder la forme" jusqu’aux festivals d’été. Veilleux l’admet sans problème: s’il aime sa vie de famille, ses amis, son quotidien, il a besoin, de temps à autre, de la dose d’adrénaline que lui fournit la foule. Il évoque le bébé qu’il aura bientôt mais également le plaisir de la scène, et celui de se retrouver entre musiciens.

"Je profite de cette pause de spectacles pour écouter des disques. Ils s’empilent dans mon auto. Il y a le dernier Francis Cabrel. Je découvre aussi Alexandre Désilets, un peu en retard mais bon", confie-t-il au bout du fil. Et il écrit. Pour lui, pour Marie-Luce Béland, pour Gildor Roy qui prépare un retour ressourcé. Steve Veilleux reste néanmoins accroché à la "vraie vie". C’est son leitmotiv.

"J’ai besoin de garder les pieds sur terre. Si tu écris en pensant au succès que ta chanson pourrait avoir à la radio, tu deviens fou. Il faut écrire le plus inconsciemment possible, sans penser à rien. La seule chose que je me permets, c’est de chercher la phrase qui tue, qui accroche. Nos chansons ont tourné à la radio dès nos débuts, ce qui n’est pas courant. Que ce soit en tant qu’auteur ou qu’auditeur, je ne fais pas de différence entre un morceau connu ou non. Il y a la bonne musique et la mauvaise, c’est tout."

Et le succès dure depuis 10 ans. Le groupe a été monté en 1999 et a connu une ascension fulgurante. Les spectacles le prouvent: les gens en redemandent. Pas de public cible, mais plutôt large et bigarré: des enfants, des jeunes, des adultes et même des cheveux blancs. Ça se bouscule au portillon, l’enthousiasme au coeur. Qu’importent les critiques qui font la moue. Les chansons de Kaïn font battre les mains, les pieds et chanter. Certains poussent même le bouchon jusqu’à danser. On ne peut pas leur en vouloir.

Si son écriture se veut le plus "innocente" possible, Steve Veilleux avoue être à la recherche de la mélodie imparable, celle qui ne sort plus de la tête, qui est fermement vissée entre nos oreilles. Et il y parvient très bien. Qui a entendu ceci ne peut s’en défaire: "Qu’est-ce que tu dirais si j’te disais que ça file pas fort / Qu’j’ai l’impression d’aller nulle part / J’passe te prendre pour un trip de char / Rouler sans but, prendre le bord / Boire une rivière", chante-t-il dans Comme dans l’temps. La couleur est folk-rock et convient parfaitement au groupe.

Cet automne, Kaïn s’envolera pour la France pour une mini-tournée de quelques semaines. Concentrer le plus de spectacles en l’espace de peu de temps. Tâter le terrain. Est-ce que les Français seront sensibles à cette musique? Le joual ne devrait pas trop les effrayer, eux qui ont adopté Les Cowboys Fringants sans plus de cérémonie.

Sur la route ou chez lui, Veilleux se dit sans cesse à la recherche de "carburant pour créer". Il a besoin de faire continuellement de la musique. "C’est comme un livre, si tu l’abandonnes trop longtemps sur ta table de chevet, tu n’as plus le goût de t’y replonger." Entretenir la flamme, voilà le projet qui semble alimenter le chanteur.

Si les spectacles habituels de Kaïn sont plutôt à structure fixe, avec une intro, un milieu et une conclusion, une liste de chansons préétablie, cette fois-ci, les choses pourraient changer. Pour les dernières représentations, le groupe a envie de faire bouger un peu les choses. Reprendre des morceaux qu’il ne joue plus. Veilleux appelle ça "sortir des chansons du chapeau". "Récemment, on a dressé la liste juste avant de monter sur scène, en mangeant!" Excitation à la hausse.

Kaïn, c’est dix ans dans les bottes, un DVD et trois albums. À quand le suivant? "Pas cette année, je crois. Plutôt l’an prochain. J’ai déjà de nouvelles chansons de prêtes. Nous allons peut-être en chanter cet été, dans la tournée des festivals. Peut-être monter un nouveau spectacle?" Ils seront nombreux à les attendre.