Marie-Josée Lord : Perle rare
En marge des grandes productions où elle brille de tous ses feux, la soprano québécoise Marie-Josée Lord promène depuis quelques mois un récital qui vulgarise l’art lyrique auprès du grand public.
Au cours des six dernières années, la carrière de Marie-Josée Lord n’a cessé de prendre de l’ampleur. Elle a été Liù dans Turandot, Mimi dans La Bohème, Laoula dans L’Étoile, Suor Angelica dans l’opéra du même nom et, bien sûr, Marie-Jeanne dans la version opéra de Starmania. Histoire de diversifier ses manières de rencontrer le public, la talentueuse soprano offre depuis quelques mois un récital intitulé Bouillon. Avec elle sur scène, le pianiste Stéphane Aubin et le violoniste François Pilon.
"Les récitals que j’ai faits jusqu’à maintenant, c’était pour un public assez spécialisé, explique la chanteuse d’origine haïtienne. En préparant un spectacle pour un autre circuit, je me suis rendu compte que le classique n’est pas le bienvenu, ou plutôt qu’il n’est pas le bienvenu de la manière dont on le fait habituellement."
Puis, en réfléchissant au succès de la version opéra de la comédie musicale Starmania auprès du grand public, Marie-Josée Lord a tiré des conclusions. "J’ai réalisé que ce n’est pas tant à l’opéra ou à l’art lyrique que les gens sont rébarbatifs, mais plutôt au contenu, au choix des pièces, à l’absence de références. Il fallait donc que je crée quelque chose qui allait permettre aux gens d’écouter d’une façon décontractée, un programme qui soit divertissant et émouvant."
Vous aurez compris que Bouillon n’est pas un récital classique comme les autres. La diva intouchable, juchée sur son piédestal, ce n’est manifestement pas pour Marie-Josée Lord. "J’ai enlevé le côté très protocolaire de la chose. Sans sortir de mon créneau, sans faire un pied de nez à mon art, j’ai choisi un répertoire qui sort de la norme, un répertoire hétéroclite qui mélange Bizet, Plamondon et Vigneault. En fait, j’ai choisi ce que j’avais envie de chanter et qui se chantait dans ma voix."
Pour obtenir plus de nuances, la chanteuse est accompagnée de non pas un mais bien deux musiciens. Pour adapter l’ambiance à chaque pièce, elle a fait appel aux services d’un éclairagiste. Et pour créer une interaction avec les spectateurs, elle a choisi de s’adresser directement à son public entre les morceaux. "Je ne veux pas que les gens aient l’impression d’avoir contemplé un tableau, mais qu’ils aient vraiment participé à la création du tout, qu’ils sentent que j’ai tenu compte d’eux!"