Mélissa Laveaux : Pop ou pas pop?
Mélissa Laveaux n’est pas une métisse d’Ibiza. Noire, née à Montréal par accident, son parcours identitaire implique Haïti, le Canada et la France… où elle fait désormais carrière en anglais.
"Ma langue maternelle, c’est le français. Mes parents ont quitté Montréal lorsque j’étais bébé, puis ils se sont installés à Ottawa où j’ai grandi et fait mes études." Mélissa Laveaux possède ce chant soul, guttural, intuitif, syncopé. Elle écrit surtout en anglais, chante Elliott Smith, et s’inspire de Radiohead pour une chanson dépouillée sur sa maladresse et la fragilité du bonheur amoureux. Mais elle s’essaye aussi en créole. "Dans ma famille, ils sont comme des conteurs. Ils m’ont transmis la culture d’Haïti à travers leurs histoires." La verve de Maurice Sixto et la force de Martha Jean-Claude font donc aussi partie de son enfance. De même que la berceuse que chantait Doualé, Dodo Titi, qui lui a permis de créer un lien avec l’auditoire du Métropolis, seule avec sa guitare, en lever de rideau d’Amadou & Mariam, le 5 juin dernier.
Parlant de première partie, Mélissa vient juste d’apprendre qu’elle ouvrira pour Tracy Chapman trois soirs, au Zénith à Paris, à Nantes et à Rouen à la fin juin, juste avant de prendre l’avion pour ses deux concerts intimes, chez nous, au Savoy, en trio. "C’est vraiment, vraiment énorme! trépigne-t-elle. J’ai cru m’évanouir au téléphone."
La chance lui était déjà passée sous le nez mais cette fois, c’est pour de bon.
C’est comme cette offre de l’étiquette No Format dans sa boîte de courrier indésirable qui a failli s’autodétruire automatiquement. Un ange veille sur Mélissa. Il y a même une recrudescence de chanteuses black qui font du folk et du soul avec des guitares sèches.
"On me fait souvent le commentaire que je ressemble à la Nigériane Asa, que je chante comme elle mais sans faire la même musique. Un élément d’exotisme joue dans mon cas parce que je suis ici comme une étrangère; je n’ai pas le fameux flair, la classe européenne. C’est une chance qu’il y ait eu avant moi ces femmes: Tracy Chapman, Ayo, Asa et Lauryn Hill. Elles ont créé des niches. Sans quoi, ça n’aurait jamais marché…" Vraiment?
À écouter si vous aimez /
Tracy Chapman, Asa, Ayo