Melody Gardot : La bonne étoile
Musique

Melody Gardot : La bonne étoile

Jeune coqueluche du jazz vocal contemporain, Melody Gardot revient au Festival international de jazz de Montréal pour deux concerts intimes.

C’est dans un vaste loft ceint par de grandes baies vitrées, au dernier étage d’une ancienne usine réaménagée, que Melody Gardot a écrit l’essentiel de My One and Only Thrill, qui fait suite à Worrisome Heart, l’album qui nous l’avait révélée l’an dernier. Cet environnement y serait-il pour quelque chose dans la récurrence d’images liées au ciel et aux astres dans ces récentes chansons de la nouvelle enfant chérie des jazzophiles (If the Stars Were Mine, Les Étoiles, Your Heart Is as Black as the Night)? "Je n’y avais pas pensé, m’avoue Melody Gardot, méditative. Pendant des mois, j’ai passé jours et soirées dans ce décor quasi vide, à part pour mon grand piano et mon lit. Et c’est vrai que je regardais constamment les cieux de Philadelphie. J’ai vu plus de couchers de soleil au cours de ces quelques mois dans cet appartement que toute ma vie durant."

La belle et jeune Melody parle de sa bonne étoile comme elle chante: avec cette délicatesse, cette discrète sophistication apparemment héritées de son maître à penser Duke Ellington, des qualités qui colorent les somptueux arrangements de son nouvel album. Et cependant, ses propos portent une gravité subjacente qu’il est impossible de ne pas attribuer à ce terrible accident routier auquel elle a survécu quasiment par miracle et dont elle s’est graduellement remise en s’investissant corps et âme dans la musique. "Je n’ai pas choisi la musique; elle m’a choisie. Tout ce que je voulais, c’était pouvoir marcher, me souvenir, parler; et des médecins m’ont dit que la musique pouvait m’aider à retrouver ces facultés. Mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me fasse faire le tour du monde. Ni à ce qu’elle m’oblige à prendre un passeport!"

Au diable ces esprits chagrins qui la soupçonnent de fausse modestie: Melody Gardot me convainc totalement, en particulier quand elle évoque le rôle de la musique dans sa convalescence et sa vie. "Je n’aspirais pas à faire carrière, juste à créer quelque chose d’apaisant, de réconfortant. J’aime la musique d’Ellington pour cette raison, à la fois belle et complexe, et pourtant si simple, sans prétention. J’aime l’idée qu’on puisse composer des oeuvres sophistiquées qui s’imposent sans insistance. Avec élégance."

À écouter si vous aimez /
Joni Mitchell, Blossom Dearie, Helen Merrill