The Bad Plus : Le trio infernal
Qualifié de "trio le plus bruyant de la planète", The Bad Plus revient à Montréal pour faire trembler cette fois les murs de la toute nouvelle Maison du Jazz.
"C’est vrai qu’on est intenses des fois!", avoue le pianiste Ethan Iverson avec son flegme digne d’un savant démoniaque. "Je ne pense pas qu’on détienne un record dans le domaine mais nous sommes tous attirés par les extrêmes."
Le plus hallucinant avec Bad Plus, un trio américain atypique et plein d’humour iconoclaste, c’est justement la manière admirable dont sa musique passe des moments tout à fait paisibles, mélodiques et parfois arythmiques à un crescendo soudain qui déboule illico dans un délire sidéral.
"Il existe des trios qui veulent faire du joli piano. Ce n’est pas l’objectif du Bad Plus."
Il faut comprendre que ce trip à trois n’est pas vraiment l’affaire d’un soliste et de deux accompagnateurs. Le musicien explique: "Reid Anderson (bassiste) et David King (batteur) se connaissent depuis l’école secondaire. Ça fait plus de 20 ans qu’ils jouent ensemble On travaille comme un band de garage et on s’éclate dans cette structure où les trois fortes personnalités réussissent à cohabiter".
Désormais avec l’aide de la chanteuse de rock Wendy Lewis, une vieille amie de Dave, les gars s’attaquent cette fois à Nirvana, Yes, Pink Floyd et les Bee Gees. Voisinant leurs compositions originales sur leur cinquième et renversant album For All I Care, ces "interprétations" sont souvent déconstruites. Iverson se défend d’avoir voulu pasticher.
"Contrairement à ce que vous pouvez croire, nous respectons autant How Deep Is Your Love qu’une pièce tirée de The Wall. L’idée n’est pas de ridiculiser de grandes chansons. Et puis, il était temps pour nous de faire une collaboration, une parenthèse vocale."
Si elle doit quelque chose à Igor Stravinsky, Frank Zappa ou quelques pionniers du free jazz manière Ornette Coleman, on peut difficilement associer la musique énigmatique des Bad Plus avec qui que ce soit.
"On n’est pas des pionniers d’un nouveau genre mais plutôt des assoiffés de musique et de connaissance. On s’est juste assuré de faire un truc qui soit vraiment personnel. Je ne pense pas que vous puissiez trouver une autre musique qui sonne comme la nôtre. Tout ce que je peux dire, c’est que chaque musicien a besoin de trouver sa propre voix."
À voir si vous aimez /
HerbieHancock, DonByron, Leon Parker