Guy Bélanger : Es-tu debout, Guy?
Musique

Guy Bélanger : Es-tu debout, Guy?

Le Guy Bélanger adolescent dépeint dans Gaz Bar Blues avait peine à se lever le matin. La faute à qui? La faute à l’harmonica!

Le Guy Bélanger, la cinquantaine cool, que l’on rencontre – à midi – dans un bar du centre-ville est un brin somnolent. La faute à qui? La faute à l’harmonica! "Je suis allé en studio hier parce que j’avais des idées pour la trame sonore du prochain film de mon frère. À un moment donné, j’ai regardé l’heure et je me suis dit: "Calvaire.""

"Es-tu debout, Guy?" lui lance-t-on, à la manière du père interprété par Serge Thériault dans Gaz Bar Blues, le film de son frère Louis qui pige largement dans l’histoire familiale et dont il a signé la trame sonore avec Claude Fradette. Il s’esclaffe.

Malgré le manque de sommeil, Bélanger affiche le même regard perçant, le même sourire candide que lorsque nous l’avions questionné sur la teneur fictionnelle d’une scène du film susmentionné, celle où le père se rend entendre pour la première fois son fils en spectacle. "C’est arrivé drette de même", nous avait-il répondu, visiblement toujours remué, par le film ou par le souvenir de son père, les deux sans doute.

CECI N’EST PAS UN JOUET

"Un harmoniciste français était venu donner une clinique à Québec. Il avait montré l’harmonica diatonique [le petit] en disant: "Ça c’est un jouet d’enfant." Lui, il jouait du chromatique [le gros]. Je m’étais dit que je ferais d’un jouet d’enfant un instrument d’adulte", raconte Guy Bélanger, devenu l’harmoniciste le plus sollicité au Québec, un grand mot auquel, on le remarque, il préfère souvent "joueur d’harmonica".

"C’est très bande dessinée, être joueur d’harmonica. Ça fait pas plus de huit ans que je sais que je vais faire ça pour le reste de ma vie. Quand l’harmonica t’amène en France, en Suisse, tu te dis que c’est peut-être vrai", concède-t-il.

Mais plutôt que de signer une défense et illustration de la crédibilité de l’harmonica par une virtuosité pompière – un mal pléthorique dans les festivals de blues -, l’acolyte de Bob Walsh prêche un jeu parcimonieux. "Je suis mélodique, je ne suis pas payé à la note. Je pense que c’est dans mes silences que l’on sait que c’est moi qui joue. J’essaie pas de faire de la surenchère, c’est pas de la dactylo. C’est pas épais de jouer avec humilité."

"C’est pas un show d’harmonica dans ta face", insiste-t-il. Le choix de ses musiciens de scène le confirme: Gilles Sioui, un guitariste-chanteur qui en impose, Karl Surprenant, bassiste, et Marc-André Larocque, batteur pas spécialement reconnu pour ses décorations blues, mais d’une subtile efficacité derrière Dumas. "Si on m’avait demandé de faire un album, un spectacle strictement blues, je ne l’aurais pas fait."

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