Jeff Beck : Bons baisers de Jeff
Première escale québécoise à vie pour le guitar hero Jeff Beck, et c’est en ouverture du FEQ, direction parc de la Francophonie.
Pour beaucoup de monde, Jeff Beck fait partie d’une sainte trinité, dont les deux autres membres sont Eric Clapton (qu’il a remplacé au sein des Yardbirds en 1965) et Jimmy Page (qui l’a rejoint chez les mêmes en 1966). Il y a beaucoup d’histoire derrière ces trois noms, et dans le seul parcours de Jeff Beck (qui est né un 24 juin!), on croise Rod Stewart, Donovan, Tina Turner, Mick Jagger, John McLaughlin et Malcolm McLaren, entre autres.
Pas étonnant qu’en avril dernier, il ait été intronisé au Rock and Roll Hall of Fame pour une deuxième fois (il l’avait déjà été avec les Yardbirds en 1992). Lorsque j’évoque ce moment au téléphone avec lui, il est encore étonné: "Quand j’ai vu ce qui était projeté sur l’écran avant de monter sur scène, je ne pouvais pas croire que tant d’eau ait coulé sous les ponts! Le montage ne durait que trois ou quatre minutes, mais wow! Voir sa vie défiler comme ça…"
Ses vieux potes Page et Clapton sont restés très proches de la tradition du blues, mais la marque de commerce de Beck a toujours été l’innovation, depuis ses premières expérimentations avec la distorsion, qui ont inspiré Hendrix, jusqu’au développement d’un jazz-rock très personnel. "Je suppose que j’étais du genre curieux. Surtout entre 1954 et 1957: durant cette période, j’avais une révélation musicale par jour! J’ai acheté un disque de Barney Kessel une fois, et ses accords étaient incroyables. Je me suis dit que ce ne serait pas mauvais d’en absorber un peu, et c’est par là que le jazz est rentré. Et par Django Reinhardt aussi, bien sûr."
Beaucoup de musiciens tueraient pour l’accompagner, alors comment choisit-il ses partenaires? "Le batteur, c’est le plus important, et lorsque Simon Philips est parti, j’ai eu la chance de recevoir la visite de Vinnie (Colaiuta). C’était en 1990, je crois, et il m’a dit (on buvait tellement que je ne me souviens plus de rien!) qu’on a joué non-stop durant deux jours. Lorsqu’il est parti, j’ai tout de même réalisé que c’était bien le gars dont j’aurais besoin un jour."
La section rythmique est complétée par une jeune bassiste australienne époustouflante: Tal Wilkenfeld. Cette fois, Beck se souvient bien: "Quand les Who ont offert à Pino (Palladino) du travail à temps plein, il m’a fallu trouver un nouveau bassiste. Vinnie m’a appelé pour me dire qu’il connaissait une fille, et là j’ai pensé: "Oh non, ça doit être une de ses amies qui joue un peu de blues." Mais après 10 minutes à jouer avec elle, il y avait un ouragan dans la maison!" Après avoir raté le début de la tournée, Jason Rebello, qui tourne avec Beck depuis quelques années, sera de retour dans le groupe pour la portion européenne de la tournée, qui fera le tour des festivals de jazz jusqu’à la fin juillet, avec trois détours par le Canada (Montréal le 6, Ottawa le 8 et Québec le 9).
D’après ce que jouait le groupe en première partie de tournée, on aura un bon éventail du catalogue du guitariste, mais comment choisit-il son programme? "C’est surtout Vinnie et Tal qui choisissent les pièces dans lesquelles ils sont le plus à l’aise, parce que moi, je les connais bien. Ce qui leur va me va." Et ça devrait nous aller aussi!
À voir si vous aimez /
Jimmy Page, Eric Clapton, Jimi Hendrix