Ken Boothe : Monsieur Rocksteady
Musique

Ken Boothe : Monsieur Rocksteady

Ken Boothe, avec sa voix chaude et pleine de soul, est un des grands chanteurs du rocksteady qu’on s’apprête à célébrer au FIJM.

Quand le Festival de Jazz a annoncé qu’il montait un gros concert hommage aux légendes du rocksteady, bien des gens entendaient ce terme pour la première fois. D’où la nécessité d’un tel spectacle.

L’histoire de cette musique, qui dura guère plus de trois ans, de 1965 à 1968 environ, fut brève mais néanmoins déterminante puisqu’elle est à l’origine du reggae. C’est d’ailleurs le sujet du documentaire Rocksteady: The Roots of Reggae, film sur lequel a travaillé le D.J. Mossman – grand amateur de reggae montréalais – et qui sera à l’affiche au Musée d’art contemporain du 4 au 12 juillet, à raison de quatre séances par jour. Le méga-concert hommage présenté au FIJM vient donc appuyer doublement ce documentaire.

Pour parler de tout ça, qui de mieux que Ken Boothe, qui, avec six autres artistes jamaïcains ayant marqué cette époque bénie, sera de la grande fête rocksteady du 7 juillet prochain. "Le rocksteady vient directement du ska, mais sur une rythmique un peu plus lente. C’est moins frénétique et plus chaud que la musique ska", précise celui dont le premier album solo (Ken Boothe a fait partie du duo ska Stranger & Ken avec Stranger Cole) était intitulé Mr. Rocksteady. "On m’a surnommé Mr. Rocksteady mais bien honnêtement, je n’étais pas le seul chanteur à obtenir un certain succès à cette époque. Alton Ellis (décédé tout récemment) était sans doute le plus populaire. Je venais après. C’était une belle période. Il y avait plus de douceur dans cette musique et tu pouvais danser de toutes sortes de façons car il y avait des tempos rapides et lents dans un même morceau, selon sur quel instrument tu portais ton attention. Mais ça n’a vraiment pas duré bien longtemps, tout au plus deux ou trois ans. Ensuite c’est le reggae qui est devenu populaire."

Bien que le rocksteady n’ait connu qu’une brève mais intense histoire avant de céder sa place au reggae, ce style demeure un des préférés de nombreux amateurs de musique jamaïcaine à travers le monde… et Ken Boothe est bien placé pour le savoir. "Cette musique ne mourra jamais. Ça fait plus de 40 ans que je chante du rocksteady à travers le monde. J’imagine que ce documentaire va attirer encore plus de gens vers cette musique", espère le chanteur dont on a souvent comparé la voix à celles des soulmen américains Marvin Gaye et Wilson Pickett. "Tu sais pourquoi tant de gens aiment le rocksteady? Parce que c’est une musique de paix et d’amour. Une musique qui rassemble. On n’y chante pas la violence, on ne fait pas l’apologie des armes à feu, les paroles ne sont pas crues. C’est une musique pour passer du bon temps. Oui, il y a eu des chansons qui parlaient des rude boys (les jeunes durs à cuire jamaïcains de l’époque) car c’était une réalité. Mais il n’était pas question de prôner la violence. Même les enfants pouvaient écouter ça! Moi, je ne chante que l’amour, man, juste la paix et l’amour."

Le 7 juillet, avec Stranger Cole, Leroy Sibbles, Marcia Griffiths, Hopeton Lewis, Judy Mowatt et The Tamlins
Sur la Scène General Motors
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