Madeleine Peyroux : Ce soir, j'attends Madeleine
Musique

Madeleine Peyroux : Ce soir, j’attends Madeleine

Madeleine Peyroux vient de sortir son meilleur album et se retrouve au milieu de sa plus grosse tournée en carrière avec une escale au Palais Montcalm, où ses vieux fans l’attendent de pied ferme.

Je n’ai pas cliqué tout de suite, il y a douze ans, à la sortie du premier album, Dreamland, de Madeleine Peyroux. Même encadrée par des gens comme Vernon Reid ou Marc Ribot, pour qui j’avais la plus haute estime, cette fille mélancolique, que tout le monde comparait à Billie Holiday, ne m’inspirait pas plus confiance. Par contre, depuis sa collaboration avec Larry Klein, trois albums cohérents l’ont vu gravir les marches vers la perfection. Le dernier, Bare Bones, auquel participe notamment l’énigmatique Walter Brecker de Steely Dan, la voit s’impliquer totalement dans l’écriture pour la première fois.

"Travailler avec Larry Klein a vraiment changé ma vie en profondeur, m’explique-t-elle, visiblement disposée à la transparence. Musicalement aussi, il m’a beaucoup aidée à mettre les choses en perspective, à modeler mon univers. Avec Walter, ça a été drôlement facile. Il est proche de Larry et prend tout avec légèreté."

Comme de fait, il y a plus d’humour et un zeste de sarcasme dans les petits stomps bluesy de la Peyroux. Parce qu’on lui a fait une réputation de fille mélancolique qui s’ennuie sur scène et s’accroche à sa guitare, je lui demande si elle est une grande timide qui s’adapte mal à la vie en tournée: "Pas du tout. Tu peux être très introvertie et t’impliquer en profondeur dans les arts de la scène et l’échange que cela crée. J’ai fait partie de plusieurs groupes de rue un peu bohèmes et un peu fous pendant toute mon adolescence. C’est aussi un apprentissage de la vie, de l’intériorité, des relations interpersonnelles et de la hiérarchie sociale. Le monde des stars millionnaires et de la gloire à paillettes est un club assez fermé. Si tu veux vraiment faire de la musique, le reste du temps, tu travailles, comme tout le monde."

Avec la maturité qu’elle a désormais acquise et son nouveau répertoire, cette chanteuse blanche, qui a vécu 10 ans en France, semble s’être complètement affranchie du fantôme de Lady Day et du syndrome "Mademoiselle chante le blues". Et pourtant, Billie n’est jamais trop loin:

"Hier soir, on était dans un restaurant et j’ai distingué sa voix qui montait dans un haut-parleur. Ça m’épate chaque fois. Ce n’est pas de la pitié qu’elle implore. Il y a quelque chose dans son intonation qui en impose. Elle semble dire: J’en ai bavé, c’est vrai, mais tu dois me respecter. Écoute-moi…".

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