Vieux Farka Touré : Jeune Vieux
Musique

Vieux Farka Touré : Jeune Vieux

Vieux Farka Touré est parfaitement conscient de l’énorme héritage musical que lui a légué son bluesman de père. N’empêche que lui, le rocker, tient à voler de ses propres ailes.

"Quand on t’appelle Vieux, au Mali, c’est plutôt une marque de respect; c’est dans la tradition chez nous. On t’associe à ton grand-père, mais en évitant de répéter son prénom. Mais je ne suis pas le fils aîné. On est nombreux dans la famille. Il faut compter une douzaine!"

Au téléphone, Vieux Farka Touré est plutôt jovial, plein d’énergie. En tout cas, pas compliqué.

Après un premier album éponyme et fort prometteur paru moins d’un an après la disparition de son paternel, Vieux a pris les commandes de son destin artistique

"C’était la première fois; je n’avais pas d’expérience en studio. J’étais en troisième année de l’Institut national des arts, mais je n’avais jamais donné de concert. On a été chanceux. Le deuxième disque par contre, je l’ai fait moi-même en jouant de plusieurs instruments. Je l’ai mixé et arrangé. Je voulais montrer mon vrai visage, qui je suis."

C’est vrai que ce nouvel album est une véritable déclaration d’indépendance. Il correspond beaucoup mieux à ce que lui et son groupe sont sur scène. Cela comprend une part de fureur et de sueur. Techniquement parlant, je suis curieux de savoir quelles sont les similitudes et les différences que lui observe ou ressent quand il compare son jeu à celui de son paternel. Au début, ce robuste cultivateur jouait pour faire pousser ses patates. La carrière internationale, la famille nombreuse, ses responsabilités de maire du village de Niafunké faisaient qu’il souhaitait autre chose pour sa progéniture.

"C’est simple: au début, j’imitais simplement sa manière de jouer. Mais c’est juste que nous, nous sommes des jeunes, tu vois? Plus rock-and-roll! En plus, ses musiciens et lui étaient plutôt attirés par la sonorité acoustique. Nous, on est beaucoup plus électriques. On veut plus de liberté, plus de groove!"

Donc, le jour où il a compris que son fils ne démordrait jamais de son désir d’apprendre l’instrument, papa Touré a donné finalement sa bénédiction. "J’ai eu la patience, je l’ai convaincu petit à petit. Il m’avait appris à jouer mais, avant son décès, Dieu merci!, il a pris le temps de me montrer des secrets, des choses que tu ne sauras jamais si on ne te l’a pas montré…".

À voir si vous aimez /
Ali Farka Touré, Baba Maal, Mamani Keita